Le monde à l’envers

fouet.jpg

L’un des clichés les plus tenaces (car empreint de réalité) à propos du télétravail, c’est que les patrons et autres chefs de service rechignent à donner cette option à leurs employés, car ils craignent que ceux-ci en profiteraient pour ne rien faire, ces gros fainéants (à mon avis, ils ont plutôt peur de perdre leur raison d’être, mais c’est une autre histoire).

Je ne peux donc pas résister à l’envie de vous raconter une petite anecdote récente. En effet, télétravailleuse 2.0 collabore avec une société sur un projet dont elle est l’instigatrice. Cette société à plein de chats à fouetter, donc elle est parfois difficile à joindre, et c’est parfois difficile de la faire avancer sur ce fameux projet.

Résultat des courses, elle s’est récemment trouvée dans la situation de devoir quitter son bureau/domicile pour aller travailler dans les bureaux de la dite société, afin de les fouetter un peu.

Le monde à l’envers ?

En réalité, rien de bien surprenant. Tous les télétravailleurs vous le diront. Je vous l’ai déjà dit et je vous le répète. Une fois que l’on passe au télétravail, on est abasourdi par sa propre efficacité, productivité et concentration. Lorsqu’on a travaillé en société, on apprécie vraiment la différence. Et lorsqu’on a à faire à des non-télétravailleurs (clients, partenaires, sous-traitants, administrations, etc.), consciemment ou non, on doit constamment ajuster notre rythme au leur, répéter, reprendre, car leurs distractions sont nombreuses et leur attention défaillante…

Il faut les comprendre je suppose. Ils partent avec un gros handicap.

del.icio.us Reddit Digg Facebook StumbleUpon

Clics

curs.jpg Petit article dans Libération sur le télétravail aujourd’hui, qui constate que bien qu’il soit “Plébiscité par les salariés, le système n’arrive pas à décoller en France”.

47% des salariés y aspireraient, mais seuls 7% le pratiqueraient, contre 15% dans les pays du nord.

Chez les politiques, ironiquement, ce serait le Sénat, pourtant si conservateur, qui serait le plus gros partisan du télétravail.

Seule perspective d’amélioration, toujours selon l’article, le “plan de relance du numérique en général, du télétravail en particulier” que doit présenter Eric Besson en Juillet.

Le baril à $140 peut peut-être accélérer le mouvement, bien que la vie campagnarde dépende lourdement sur la voiture, donc à voir si cette hausse inéluctable ne va pas en fait décourager les citadins sans voiture de sauter le pas.

del.icio.us Reddit Digg Facebook StumbleUpon

De bonnes factures

facture.jpg

Comme tout blogueur qui se respecte, je regarde les statistiques d’accès à mes blogs, et dans le cas de télétravail 2.0, je regarde tout particulièrement les expressions recherchées par les Internautes sur les moteurs de recherche et qui les ont amenés sur ce site.

Les recherches se répartissent en deux grands ensembles : des questions portant sur la comptabilité (”comment créer un compte client en comptabilité”) et des questions très générales, souvent d’une naïveté déconcertante (”combien gagne un teletravailleur indepandent”, ou “logiciel du teletravail” [sic])…

J’ai déjà expliqué ici que je ne compte pas donner de conseils ou d’infos de comptabilité, puisque je sous-traite ces questions et problématiques à un expert comptable, dont c’est le travail, et je vous conseille d’en faire de même.

Je ne m’attendais pas aux questions très basiques sur le télétravail. Je suis parti du principe, visiblement à tort, que tout le monde savait (à peu près) de quoi il s’agissait. Peut-être faudra-t-il que j’écrive un billet qui répond à ces questions fondamentales. Ou pas.

Restent enfin deux objets de recherche qui reviennent régulièrement : le portage salarial et la facturation.

Concernant le portage salarial, j’espère que mon billet sur la question répond aux interrogations de ces Internautes.

Quant à la facturation, il y a ceux qui cherchent des modèles, et ceux qui veulent savoir ce qui doit figurer sur une facture.

Alors je le redis ici. Si vous utilisez Microsoft Office, vous disposez de modèles de facture. Bien que je n’utilise plus Excel et que je sois sur Mac, je vous donne le truc pour Excel sous Windows. Lancez Excel, allez dans Fichier > Nouveau classeur, puis sélectionnez Créer à partir d’un modèle. Vous devriez trouver un modèle de facture.

Pour ce qui doit figurer sur une facture, question légitime que je me suis posée au départ de mon activité, car je ne passe pas par mon comptable pour facturer mes clients, voici ce que je peux vous dire (je ne suis pas responsable en cas de perte ou dommage suite à une éventuelle erreur, bla, bla, bla).

Il n’y a pas de règle de facturation particulière pour le télétravail, donc les infos qui pullulent sur la toile s’appliquent.

Néanmoins, puisque vous êtes ici, je vais vous aider. La liste présentée ci-après est tirée du un Dico de gestion du dirigeant qui figure dans l’agenda papier que m’a offert mon expert comptable (et hop, une raison supplémentaire d’avoir recours à l’un d’eux).

Donc allons y :

  • Le nom, l’adresse, le numéro SIREN/SIRET
  • Le nom et l’adresse du client facturé
  • Les numéros d’identification à la TVA (votre N° de TVA quoi)
  • La date de la facture
  • Le numéro de la facture (note que les numéros doivent être consécutifs !)
  • La dénomination et la quantité précises des produits ou de la prestation.
  • Le prix unitaire et la TVA applicable
  • La date de règlement
  • Facultatif : pénalités de retard, conditions d’escompte par paiement anticipé (aucune idée), conditions générales de vente…

J’espère que tous ceux (nombreux) qui semblent arriver sur ce blog à la recherche de cette info seront satisfaits.

del.icio.us Reddit Digg Facebook StumbleUpon

Télétravailleurs, télétravailleuses…

geekette.jpgVous aurez peut-être remarqué que je signe mes billets “téléravailleur 2.0″.

Eh bien sachez que je ne suis pas seul. En effet, je partage ma vie avec une “télétravailleuse 2.0″.

Elle est américaine, ainsi qu’une écrivaine / auteur / blogueuse / télétravailleuse accomplie.

À ce titre, elle a récemment postulé auprès de Web Worker Daily, le site en langue anglaise de référence sur le télétravail, pour y contribuer son expérience et son talent.

WWD n’a pas hésité une seconde à l’ajouter à son équipe de rédacteurs.

Ses premiers billets ont déjà été publiés.

Notre humble demeure héberge donc désormais deux télétravailleurs-blogueurs / blogueurs sur le télétravail.

del.icio.us Reddit Digg Facebook StumbleUpon

Mon trésor

piggy_bank.jpg

Vous êtes à votre compte, en tant que travailleur indépendant.

Vous avez des clients.

Vous avez du travail.

Vous facturez, vous facturez.

Tout baigne, tout va bien.

Sauf que…

Il ne faut pas confondre chiffre d’affaires et argent dans votre poche…

Si vous êtes comme moi, deux choses vous faisaient peur à l’idée de vous lancer.

1/ L’aspect administratif, mais ça, comme nous l’avons vu, c’est un faux problème.

2/ Le fait que la première année, les charges sont forfaitaires.

En fait, l’URSSAF, la sécu et les retraites vous facturent des sommes relativement modestes la première année.

Et la deuxième année, ces administrations regardent ce que vous avez réellement gagné la première année, et elles vous “régularisent”.

Non seulement elles ajustent ce que vous devez désormais leur payer, mais elles vous réclament la différence entre les montants forfaitaires payés la première année et ce que vous auriez du leur payer, au regard de votre CA réel.

Le moment venu, il faut donc avoir les reins assez solides pour pouvoir payer les charges au réel, ainsi que la régularisation, ce qui peut représenter des sommes conséquentes.

Certes, elles ne vous tombent pas toutes dessus exactement en même temps, et elles ne réclament pas tout d’un coup. Par défaut, elles vous proposent un échéancier de paiement.

Et puis ça part d’un bon sentiment. Il s’agit de ne pas vous assommer de charges alors que vous lancez votre activité.

Mais il est facile de se dire qu’on gagne bien sa vie la première année, en oubliant que l’on est en sursis…

Moi, ça fait maintenant deux ans que je me suis lancé, et malgré ma prudence, je vivais dans l’angoisse de ne pas pouvoir faire face à ces régularisations le moment venu.

Finalement, même si ça fait mal quand ça vous tombe dessus, j’ai globalement passé ce cap et tenu le choc.

(Cela étant, j’ai fait un meilleur chiffre la deuxième année que la première, donc les régularisations vont continuer).

Je ne cherche pas à vous décourager. Dans les faits, ce n’est pas si compliqué que ça.

1/ Il suffit de facturer en conséquence.

En gros, s’il vous faut 2000€ par mois pour (sur)vivre, il faut pouvoir facturer le double et ne pas dépenser le surplus.

2/ Il faut autant que possible travailler régulièrement.

Car lorsque vous facturez 4000€, sur papier, et aux yeux des administrations, vous avez gagné 4000€, même si la somme n’arrivera dans votre compte en banque qu’un mois plus tard (si tout va bien)… Vous vivez donc du fruit de vos travaux passés.

Je n’ai pas de truc à vous proposer.

Du point de vue des sous, il faut être plus fourmi que cigale.

Il faut avoir la discipline de mettre des sous de côté tous les mois, ou de ne pas tout dépenser.

L’indépendance est à ce prix.

Je me rassure de plusieurs manières.

1/ Je suis mon CA. C’est grisant.

2/ Je suis les sommes que j’ai facturées, mais pas encore perçues. Ce qu’on appelle la trésorerie.

Là, il y a deux manières de voir les choses : le verre à moitié vide ou à moitié plein…

C’est flippant de constater le décalage entre ce que vous avez facturé et ce que vous avez perçu.

Il faut donc regarder la somme d’argent énorme que vous allez percevoir (et non que vous n’avez pas perçue), qui va récompenser votre travail et qui symbolise et célèbre la réussite de votre vie d’indépendant.

del.icio.us Reddit Digg Facebook StumbleUpon

À l’épreuve du feu…

bling.jpg On m’a proposé un job. Un bon job. Un très bon job. Prestigieux. Très bien payé. Le double de mon revenu net actuel (avant impôts sur le revenu).

Et bling-bling, le job. Du genre qui en jette un max en société (désolé si mon argot est désuet). Dans un domaine qui me passionne.

Donc voilà. Je vous annonce qu’après mûre réflexion…

…j’ai décliné l’offre.

J’a choisi la précarité, la pauvreté, l’obscurité (toutes relatives).

Si je vous raconte ça, c’est que cet incident m’a mis au pied du mur. Tout ce que je vous ai chanté ici au fil des billets a été mis à rude épreuve.

Allais-je remettre en cause cette liberté (aussi précaire soit-elle) tant désirée, espérée et vantée, pour quelques (OK, beaucoup de) dollars de plus ? Pour un poste prestigieux, dans le monde du showbiz de surcroît ?

Car finalement, c’étaient là les deux seuls arguments qui m’ont fait douter. Je me voyais déjà… en haut de l’affiche, avec plus de fric.

Car sinon, je me voyais surtout malheureux, misérable, rongé par la culpabilité d’avoir abandonné mes proches, bossant des semaines de 50 ou 60 heures, dans un rôle que je sais ingrat pour l’avoir endossé dans d’autres circonstances, regrettant amèrement la qualité de vie dont je jouis actuellement, même si elle est au prix d’un stress de bas niveau constant inhérent à la vie de télétravailleur indépendant.

Bref, je vous le dis pour en avoir eu la preuve. Ce que je vous raconte ici, des trucs comme :

[…] si je suis devenu télétravailleur, ce n’est certainement pas pour gagner plus (j’étais bien payé dans mon dernier job en entreprise). C’est pour gagner assez et pour vivre mieux.

oui, tout ça, ce n’est pas du vent. C’est du concret, du dur.

Vous pouvez me croire.

del.icio.us Reddit Digg Facebook StumbleUpon

Enfin seul ?

cubicles.jpg Dans un commentaire par ailleurs élogieux, Bruno Moriset me demande à juste titre : “comment est-ce que tu gères la solitude au boulot” ?.

Bruno est géographe et à écrit un article exhaustif, fascinant et savant sur le télétravail : Télétravail, travail nomade : le territoire et les territorialités face aux nouvelles flexibilités spatio-temporelles du travail et de la production, disponible sur le site cybergéo, par ailleurs très beau et à l’ergonomie particulièrement soignée.

Bonne question, que je souhaitais justement aborder.

En tant que géographe, je comprends que Bruno porte un regard suspect sur les grands discours sur l’abolition par le cyberespace des distances et de la géographie. Il s’attaque aux mythes qui sous-tendent une certaine vision utopique et idéalisée du télétravail.

Il est indiscutable que malgré tous les beaux discours sur le télétravail, y compris sur ce site, se pose la question de la dimension sociale/humaine du travail qui est fortement remise en cause lorsque l’on travail tout seul chez soi.

Dans son commentaire, Bruno continue :

Moi, après 2 journées de boulot solo dans mon appart (même avec femme et enfants), je deviens chèvre, et j’aime bien une journée au bureau, un peu de tchatche et une bouffe avec certains collègues, etc. Et je crois que pour bcp de gens, c’est pareil. D’où le bide global du télétravail.

Je pense qu’il a raison. Mais comme je l’évoquais ailleurs, je pense que cette objection fondamentale au télétravail révèle une forme d’aliénation. On ne pourrait se réaliser qu’au travail, sous le regard (admiratif ou jaloux) des autres.

Oui, les bonnes bouffes et les discussions autour de la machine à café peuvent constituer le sel de nos journées au bureau. Oui, les gros 4×4 ou les grosses berlines de luxe sont sans doute amusants ou plaisants à conduire. Je veux bien le croire, mais est-ce bien utile, est-ce bien nécessaire et est-ce bien responsable en ces temps menacés par le réchauffement climatique ?

En attendant, je ne peux parler que pour moi. Je parlerai une autre fois des solutions à ce problème pour les télétravailleurs salariés (télécentres, etc.)

Je me rends bien compte que pour beaucoup des gens, mieux vaut une vie sociale au bureau, même lorsqu’elle est source de tension et de stress terrible, que de se retrouver seul avec soi-même.

Et puisque le télétravail reste marginal et qu’il s’agit généralement d’un choix personnel, cette question est tout à fait fondamentale lorsque l’on songe à franchir le pas.

J’ai connu des conditions de travail en entreprise très plaisantes et gratifiantes, avec des collèges que j’appréciais. J’ai connu l’inverse aussi. Des ambiances de merde (comme on dit), des collègues que je n’appréciais pas, que je ne respectais pas, une culture d’entreprise détestable, basée sur la suspicion, le cynisme, la rivalité et le stress comme méthode de management, etc.

Un jour, alors que j’avais quitté mon dernier job en entreprise depuis quelque temps, mon frère m’a confié que lorsque j’y étais encore, j’étais “devenu chiant” car je ne parlais plus que de mes problèmes de boulot. Je suis certain qu’il ne faisait pas allusion à des discours sur mon boulot en lui-même (comment résoudre tel ou tel problème technique inhérent à mon travail) mais bien à des lamentations incessantes sur les problèmes de politique interne, de rivalité de personnes, d’organisation, de luttes de pouvoir.

Il est indiscutable qu’en tant que télétravailleur indépendant, je me coupe des bonnes bouffes et des bonnes blagues (?) au quotidien. Mais de mon point de vue, c’est un très petit prix à payer pour échapper enfin à toutes ces tensions et luttes intestines qui me pourrissaient littéralement l’existence.

Et en vérité, les moments de solitude de nature angoissante sont rares. Lorsque je suis immergé dans mon travail, ma solitude de fait est des plus appréciables. Pas d’interruptions intempestives, une concentration totale qui me permet d’en faire plus en moins de temps.

Par ailleurs, au quotidien, je n’ai pas le sentiment d’être seul. J’ai un réseau de clients, de collègues et d’ex-collègues, (sans parler de ma compagne télétravailleuse comme moi), avec qui je communique par divers moyens modernes.

À ce titre, je remarque que je privilégie l’email, qui me permet de décider et de contrôler quand je communique, aux dépens des messageries instantanées ou du téléphone (je ne communique JAMAIS mon numéro de téléphone !), sources d’interruptions malvenues. Je remarque également que lorsque je travaille sur un projet à plusieurs, mes “collègues” traducteurs, à une exception près, font le même choix. Ils rechignent à utiliser des modes de communication en temps réel.

Le seul moment où je me sens parfois très seul, c’est en cas de trou d’air. Pas de boulot, la boîte d’email qui reste désespérément vide. Cela se produit inévitablement de temps à autre. Mais ce sentiment de solitude n’est alors qu’une source d’angoisse secondaire, comparée à celle de ne pas pouvoir faire face à ses obligations financières etc.

Par ailleurs, je trouve que la solitude de fait n’est pas forcément aussi douloureuse que la solitude que l’on peut ressentir en entreprise, lorsque les choses ne tournent pas rond et que le salut ne dépend pas que de vous.

playtime.jpg

Il est bien plus facile de vivre dans l’anonymat (et d’en souffrir) dans une grande ville que dans un petit village.

Enfin, je me permets de faire remarquer à Bruno et à ceux que la solitude effraie, que le télétravail permet de reprendre le contrôle de son emploi du temps et de moins en perdre. Et ce temps gagné, je peux le consacrer à autre chose qu’au travail. J’ai le temps de bavarder avec la boulangère ou la caissière (je fais mes courses à heures creuses, ça aide), je peux déjeuner à l’occasion avec mes amis ou collègues sans regarder ma montre, je peux consacrer le temps que je ne passe plus dans les transports à mes enfants et à mes amis (vous avez bien des amis en dehors du boulot, non ?)

Et il n’y a pas que la quantité. La qualité de ces interactions est généralement bien meilleure. Je suis moins stressé et plus à l’écoute des autres (et de moi-même). Certes, je ne peux plus m’adonner aux joies de l’échange de ragots sur qui couche avec qui au boulot, ni aux sarcasmes sur les tâches de boeuf bourguignon sur la manche de Georges, mais franchement, ça ne me manque pas trop…

Je ne sais pas si j’ai vraiment répondu à la question de Bruno.

Pour une fois, je n’ai pas de truc.

La solitude, réelle ou ressentie, est un prix à payer ou une bénédiction, selon votre caractère, à mettre en regard des autres avantages ou inconvénients liés au télétravail ou au travail en entreprise.

Si vous avez un job en entreprise épanouissant à tous points de vue, ce serait idiot d’y renoncer. Mais est-ce la norme ? Notre organisation sociale a-t-elle atteint un tel niveau de perfection qu’il serait absurde d’explorer des alternatives possibles ?

Permettez-moi d’en douter.

del.icio.us Reddit Digg Facebook StumbleUpon

(Télé)travailler plus pour gagner plus ou moins plus ou moins

i81028couv896.gif Notre président est un spécialiste des formules qui semblent tomber sous le sens.

Son fameux “travailler plus pour gagner plus” est un bon exemple.

Passons sur le fait que cela va à l’encontre de décennies de progrès social (week-ends, congés payés…)

Passons sur le fait que c’est plus facile à dire qu’à faire. En tant que cadre, vous travaillez souvent toujours plus pour gagner pareil. En tant qu’employé, encore faut-il pouvoir travailler plus.

C’est donc évidemment une formule habile que l’on pourrait traduire par “démerdez vous”. Après-tout, pourquoi pas. C’est le credo libéral, mais qui n’est en l’occurrence pas vraiment assumé.

Toujours est-il que cela fait un moment que ce slogan résonne dans mon cerveau de télétravailleur indépendant.

En tant que télétravailleur, la formule est indubitablement juste. Point de congés payés. Point de treizième mois, point de bonus ou primes.

Si je ne travaille pas, je ne gagne rien. Si je travaille plus, je gagne effectivement plus que si je travaillais moins ou pas du tout.

Sauf que si je suis devenu télétravailleur, ce n’est certainement pas pour gagner plus (j’étais bien payé dans mon dernier job en entreprise). C’est pour gagner assez et pour vivre mieux.

Toute la difficulté de l’exercice est là.

  • En tant que télétravailleur, vous ne savez jamais d’où viendra votre prochain chèque.
  • En cas de trou d’air, c’est la panique.
  • Lorsque vous ne travaillez pas à plein régime, vous flippez, vous culpabilisez. Il faut être à plein régime, pour pouvoir survivre au prochain trou d’air.
  • Lorsque vous travaillez à plein régime, c’est rageant de refuser des jobs (surtout s’ils sont plus intéressants/mieux payés que ceux qui vous occupent).
  • Si vous travaillez en surrégime, vous trahissez la partie “vivre mieux” de l’équation. Fini les balades avec le chien, le goûter avec les enfants qui rentrent de l’école, les siestes crapuleuses avec votre conjoint(e) télétravailleur/euse, etc.

Bref, le dosage, c’est ce qu’il y a de plus difficile.

Mais puisque vous avez eu la gentillesse de lire jusqu’ici, je vais vous faire part d’un petit secret qui n’a l’air de rien comme ça, mais qui fait toute la différence.

Alors voilà. La clé de voûte de l’édifice, c’est de fidéliser une clientèle.

Et pour y parvenir, il n’y a que deux ingrédients essentiels : faire un travail de qualité et, et, et… être fiable.

La qualité, ce n’est pas en faire trop. C’est répondre aux attentes du client. Et c’est bien la moindre des choses.

La fiabilité, c’est tenir les délais.

Tout découle de ce second point. Tout, je vous dis.

  • N’acceptez jamais un job lorsque vous avez le moindre doute sur votre capacité à tenir les délais.
  • Si vous vous apercevez au cours d’un job que vous risquez de ne pas les tenir (en raison d’un paramètre imprévu), vous prévenez immédiatement votre client, vous lui expliquez et vous renégociez des délais (que vous pourrez tenir).

Vous n’êtes pas seul au monde. Il existe a priori d’autres professionnels qui peuvent faire aussi bien que vous, voire mieux.

Mais des fournisseurs qui tiennent leurs délais, vous en connaissez beaucoup, vous ? Et à choisir entre plusieurs fournisseurs à compétences égales, vous ne choisiriez pas celui qui tient ses délais à tous les coups ?

Cela résout quasiment tous les problèmes mentionnés plus haut.

  • Par définition, vous n’acceptez que la quantité de travail que vous pouvez réaliser dans une période donnée (que vous travailliez 2, 4 ou 6 jours par semaine).
  • Vous fidélisez rapidement et efficacement votre clientèle.
  • Vous avez plus de chance de décrocher des jobs récurrents, ce qui diminue un peu l’incertitude.
  • Vous passez moins de temps à chercher du boulot et plus de temps productif.
  • Vous pouvez vous permettre sans crainte de refuser des jobs qu’on vous propose, car cela ne fait que renforcer votre crédibilité et votre réputation de fiabilité.

Vous allez me dire, vous êtes con de nous dire ça. Si on vous prend au mot et qu’on fait tous comme vous, vous allez perdre votre avantage concurrentiel.

C’est vrai. Je suis un idéaliste. Contrairement à 99% des sites sur le télétravail que j’ai pu trouver, je ne vends rien, je n’ai rien à y gagner. Je ne cherche qu’à (modestement) améliorer la réputation du télétravail.

Quand bien même, je ne suis pas inquiet.

Car je sais d’expérience que ce conseil, que j’ai souvent prodigué, n’est que très rarement pris au sérieux. On me dit que c’est un gadget, une évidence ou au contraire que c’est une position trop conservatrice et qu’on peut toujours s’en sortir, même lorsqu’on livre en retard (bref, qu’il faut travailler plus pour gagner plus, coûte que coûte). Sans parler des drogués à l’adrénaline qui ne fonctionnent qu’en situation de stress extrême et qui se retrouveraient en manque s’ils faisaient comme moi.

Et je sais d’expérience que la fiabilité telle que je l’ai définie, ça reste l’exception, la très grande exception. Ce ne sera jamais la norme. D’autant plus qu’il suffit de déroger à la règle une seule fois pour entacher votre réputation de fiabilité à jamais. Mais plus il y aura de fournisseurs fiables, plus les fournisseurs imprévisibles seront écartés au profit des premiers, car les clients ne seront plus résignés à vivre dans l’angoisse qui naît lorsque l’on dépend de fournisseurs imprévisibles.

Au moins, je serai alors du bon côté de la barrière.

del.icio.us Reddit Digg Facebook StumbleUpon

Clics

curs.jpg Le télétravail, c’est du gagnant-gagnant pour employés et employeurs. C’est la science qui l’affirme.

En effet, le site américain ScienceDaily se fait l’echo d’une méta-analyse de 46 études sur le télétravail portant sur 12833 employés sur 20 ans, menée par le Journal of Applied Psychology.

Je vous traduis le début de l’article, intitulé Telecommuting Has Mostly Positive Consequences For Employees And Employers :

Nos résultats montrent que le télétravail a un effet globalement bénéfique car ce mode d’organisation offre aux employés davantage de contrôle sur la manière dont ils accomplissent leur travail” déclare l’auteur principal, Ravi S. Gajendran. “L’autonomie est un facteur majeur de la satisfaction des travailleurs, ce que confirme notre analyse. Les télétravailleurs se disent plus satisfaits de leur travail, ont moins envie de quitter leur société, sont moins stressés, ont trouvé un meilleur équilibre entre la vie privée et professionnelle et sont mieux notés par leurs supérieurs hiérarchiques.

L’étude semble par ailleurs démontrer que le télétravail ne nuit pas à l’avancement ou à la carrière des employés concernés.

À rajouter à votre dossier avant d’aller convaincre votre société de vous laisser télétravailler.

del.icio.us Reddit Digg Facebook StumbleUpon

Des chiffres et des lettres

camembert.jpgComme je vous l’expliquais—et ce n’était pas une boutade—une fois que vous avez fait le tour de la question (comment se mettre à son compte) et que vous vous retrouvez étourdi avec plus de questions que de réponses, vous vous trouvez un expert comptable qui vous aide alors à faire le tri et à trouver la formule qui vous convient.

Donc vous avez ou vous êtes maintenant votre petite entreprise et votre comptable s’occupe de tous les aspects techniques qui vous échappent ou que vous ne souhaitez pas creuser parce que vous avez mieux à faire.

Il reste que c’est à vous de facturer vos clients et de trouver un système pour suivre votre activité au jour le jour.

  • Il ne faut pas oublier de facturer vos clients
  • Il faut les relancer s’ils ne paient pas à échéance
  • Il est utile d’avoir une idée de l’état de votre trésorerie
  • Il est utile d’avoir une idée de la progression ou non de votre chiffre d’affaires

Si vous êtes télétravailleur, vous n’êtes à priori pas trop allergique à l’informatique et vous allez chercher une solution de ce côté-là.

Et si vous êtes comme moi, vous allez vous retrouver complètement bloqué. Car il existe des tas de logiciels de compta ou de gestion pour les professions libérales qui vous permettent de suivre tout ça dans les règles de l’art, mais qui vous obligent en fait à maîtriser les concepts et à gérer l’ensemble de votre comptabilité.

Si ça vous chante, pourquoi pas. Mais moi, comme je vous le répète depuis le début, je n’ai ni le temps, ni l’envie d’apprendre le jargon et les règles de ce (noble) métier.

Et je me fous de suivre les règles de l’art en la matière. Je veux juste savoir où j’en suis.

Donc que faire?

Voici mon flux de travail complet:

  • Je reçois une demande de devis
  • J’envoie mon devis par email
  • Je reçois l’accord du client
  • Je consigne quelques infos sur le projet dans un grand tableau: client, projet, montant.
  • Lorsque je suis prêt à livrer, je crée une facture (j’utilise une petite base que je me suis construite dans FileMaker Pro, mais tous les tableurs et/ou traitements de texte ont des modèles de facture qui peuvent faire l’affaire).
  • J’ajoute la date et le numéro de facture au projet concerné dans mon petit tableau
  • Lorsque je reçois le paiement, j’ajoute que le paiement a été reçu au même tableau
tablo.jpg

Ensuite, c’est facile de trier/filtrer par client et avec un peu d’astuce, par mois, par trimestre etc. Et je me suis même conçu un petit tableau récapitulatif qui me montre le total facturé, encaissé, et en cours par trimestre et ça me suffit amplement.

Je ne sais pas si c’est un tropisme français, mais je n’ai pas trouvé le moindre logiciel axé sur la facturation et le suivi de base qui soit adapté. Il existe plein de solutions venant des États-Unis, mais qui sont difficilement utilisables en France (problèmes de langue, de conventions, voire de devise, de TVA etc.)

Sur Mac, j’ai trouvé un logiciel vraiment très bien, Billings, qui ne m’oblige pas à penser compta, qui est axé projet et facturation, qui gère la TVA et l’Euro et qui permet de créer ses propres modèles de factures (même si cet aspect-là du programme n’est pas simple). S’il ne coinçait pas sur un détail crucial et spécifique à ma profession, je pourrais aisément m’y convertir. Je leur ai demandé la modification dont j’ai besoin. On verra bien.

Sur pécé, je ne me suis pas renseigné.

Et vous, qu’utilisez-vous ?

del.icio.us Reddit Digg Facebook StumbleUpon