Archives : didactique

 
 

Clics

curs.jpgTant qu’à essayer de vraiment comprendre les mécanismes qui ont mené à la crise®©™, autant se fier à l’un des seuls spécialistes à l’avoir prédit, dans le détail, dans plusieurs ouvrages (et avant qu’elle ne se produise, entendons-nous bien).

J’ai découvert Paul Jorion, sociologue, anthropologue, économiste, philosophe, spécialiste en sciences cognitives, belge de son état, via un article sur le site de Marianne.

Il vient d’être interviouvé par Télérama, et il reproduit l’entretien sur son blog (que j’ai passé des heures à lire quand je l’ai découvert).

Vivement recommandé !

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Mon trésor

piggy_bank.jpg

Vous êtes à votre compte, en tant que travailleur indépendant.

Vous avez des clients.

Vous avez du travail.

Vous facturez, vous facturez.

Tout baigne, tout va bien.

Sauf que…

Il ne faut pas confondre chiffre d’affaires et argent dans votre poche…

Si vous êtes comme moi, deux choses vous faisaient peur à l’idée de vous lancer.

1/ L’aspect administratif, mais ça, comme nous l’avons vu, c’est un faux problème.

2/ Le fait que la première année, les charges sont forfaitaires.

En fait, l’URSSAF, la sécu et les retraites vous facturent des sommes relativement modestes la première année.

Et la deuxième année, ces administrations regardent ce que vous avez réellement gagné la première année, et elles vous “régularisent”.

Non seulement elles ajustent ce que vous devez désormais leur payer, mais elles vous réclament la différence entre les montants forfaitaires payés la première année et ce que vous auriez du leur payer, au regard de votre CA réel.

Le moment venu, il faut donc avoir les reins assez solides pour pouvoir payer les charges au réel, ainsi que la régularisation, ce qui peut représenter des sommes conséquentes.

Certes, elles ne vous tombent pas toutes dessus exactement en même temps, et elles ne réclament pas tout d’un coup. Par défaut, elles vous proposent un échéancier de paiement.

Et puis ça part d’un bon sentiment. Il s’agit de ne pas vous assommer de charges alors que vous lancez votre activité.

Mais il est facile de se dire qu’on gagne bien sa vie la première année, en oubliant que l’on est en sursis…

Moi, ça fait maintenant deux ans que je me suis lancé, et malgré ma prudence, je vivais dans l’angoisse de ne pas pouvoir faire face à ces régularisations le moment venu.

Finalement, même si ça fait mal quand ça vous tombe dessus, j’ai globalement passé ce cap et tenu le choc.

(Cela étant, j’ai fait un meilleur chiffre la deuxième année que la première, donc les régularisations vont continuer).

Je ne cherche pas à vous décourager. Dans les faits, ce n’est pas si compliqué que ça.

1/ Il suffit de facturer en conséquence.

En gros, s’il vous faut 2000€ par mois pour (sur)vivre, il faut pouvoir facturer le double et ne pas dépenser le surplus.

2/ Il faut autant que possible travailler régulièrement.

Car lorsque vous facturez 4000€, sur papier, et aux yeux des administrations, vous avez gagné 4000€, même si la somme n’arrivera dans votre compte en banque qu’un mois plus tard (si tout va bien)… Vous vivez donc du fruit de vos travaux passés.

Je n’ai pas de truc à vous proposer.

Du point de vue des sous, il faut être plus fourmi que cigale.

Il faut avoir la discipline de mettre des sous de côté tous les mois, ou de ne pas tout dépenser.

L’indépendance est à ce prix.

Je me rassure de plusieurs manières.

1/ Je suis mon CA. C’est grisant.

2/ Je suis les sommes que j’ai facturées, mais pas encore perçues. Ce qu’on appelle la trésorerie.

Là, il y a deux manières de voir les choses : le verre à moitié vide ou à moitié plein…

C’est flippant de constater le décalage entre ce que vous avez facturé et ce que vous avez perçu.

Il faut donc regarder la somme d’argent énorme que vous allez percevoir (et non que vous n’avez pas perçue), qui va récompenser votre travail et qui symbolise et célèbre la réussite de votre vie d’indépendant.

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(Télé)travailler plus pour gagner plus ou moins plus ou moins

i81028couv896.gif Notre président est un spécialiste des formules qui semblent tomber sous le sens.

Son fameux “travailler plus pour gagner plus” est un bon exemple.

Passons sur le fait que cela va à l’encontre de décennies de progrès social (week-ends, congés payés…)

Passons sur le fait que c’est plus facile à dire qu’à faire. En tant que cadre, vous travaillez souvent toujours plus pour gagner pareil. En tant qu’employé, encore faut-il pouvoir travailler plus.

C’est donc évidemment une formule habile que l’on pourrait traduire par “démerdez vous”. Après-tout, pourquoi pas. C’est le credo libéral, mais qui n’est en l’occurrence pas vraiment assumé.

Toujours est-il que cela fait un moment que ce slogan résonne dans mon cerveau de télétravailleur indépendant.

En tant que télétravailleur, la formule est indubitablement juste. Point de congés payés. Point de treizième mois, point de bonus ou primes.

Si je ne travaille pas, je ne gagne rien. Si je travaille plus, je gagne effectivement plus que si je travaillais moins ou pas du tout.

Sauf que si je suis devenu télétravailleur, ce n’est certainement pas pour gagner plus (j’étais bien payé dans mon dernier job en entreprise). C’est pour gagner assez et pour vivre mieux.

Toute la difficulté de l’exercice est là.

  • En tant que télétravailleur, vous ne savez jamais d’où viendra votre prochain chèque.
  • En cas de trou d’air, c’est la panique.
  • Lorsque vous ne travaillez pas à plein régime, vous flippez, vous culpabilisez. Il faut être à plein régime, pour pouvoir survivre au prochain trou d’air.
  • Lorsque vous travaillez à plein régime, c’est rageant de refuser des jobs (surtout s’ils sont plus intéressants/mieux payés que ceux qui vous occupent).
  • Si vous travaillez en surrégime, vous trahissez la partie “vivre mieux” de l’équation. Fini les balades avec le chien, le goûter avec les enfants qui rentrent de l’école, les siestes crapuleuses avec votre conjoint(e) télétravailleur/euse, etc.

Bref, le dosage, c’est ce qu’il y a de plus difficile.

Mais puisque vous avez eu la gentillesse de lire jusqu’ici, je vais vous faire part d’un petit secret qui n’a l’air de rien comme ça, mais qui fait toute la différence.

Alors voilà. La clé de voûte de l’édifice, c’est de fidéliser une clientèle.

Et pour y parvenir, il n’y a que deux ingrédients essentiels : faire un travail de qualité et, et, et… être fiable.

La qualité, ce n’est pas en faire trop. C’est répondre aux attentes du client. Et c’est bien la moindre des choses.

La fiabilité, c’est tenir les délais.

Tout découle de ce second point. Tout, je vous dis.

  • N’acceptez jamais un job lorsque vous avez le moindre doute sur votre capacité à tenir les délais.
  • Si vous vous apercevez au cours d’un job que vous risquez de ne pas les tenir (en raison d’un paramètre imprévu), vous prévenez immédiatement votre client, vous lui expliquez et vous renégociez des délais (que vous pourrez tenir).

Vous n’êtes pas seul au monde. Il existe a priori d’autres professionnels qui peuvent faire aussi bien que vous, voire mieux.

Mais des fournisseurs qui tiennent leurs délais, vous en connaissez beaucoup, vous ? Et à choisir entre plusieurs fournisseurs à compétences égales, vous ne choisiriez pas celui qui tient ses délais à tous les coups ?

Cela résout quasiment tous les problèmes mentionnés plus haut.

  • Par définition, vous n’acceptez que la quantité de travail que vous pouvez réaliser dans une période donnée (que vous travailliez 2, 4 ou 6 jours par semaine).
  • Vous fidélisez rapidement et efficacement votre clientèle.
  • Vous avez plus de chance de décrocher des jobs récurrents, ce qui diminue un peu l’incertitude.
  • Vous passez moins de temps à chercher du boulot et plus de temps productif.
  • Vous pouvez vous permettre sans crainte de refuser des jobs qu’on vous propose, car cela ne fait que renforcer votre crédibilité et votre réputation de fiabilité.

Vous allez me dire, vous êtes con de nous dire ça. Si on vous prend au mot et qu’on fait tous comme vous, vous allez perdre votre avantage concurrentiel.

C’est vrai. Je suis un idéaliste. Contrairement à 99% des sites sur le télétravail que j’ai pu trouver, je ne vends rien, je n’ai rien à y gagner. Je ne cherche qu’à (modestement) améliorer la réputation du télétravail.

Quand bien même, je ne suis pas inquiet.

Car je sais d’expérience que ce conseil, que j’ai souvent prodigué, n’est que très rarement pris au sérieux. On me dit que c’est un gadget, une évidence ou au contraire que c’est une position trop conservatrice et qu’on peut toujours s’en sortir, même lorsqu’on livre en retard (bref, qu’il faut travailler plus pour gagner plus, coûte que coûte). Sans parler des drogués à l’adrénaline qui ne fonctionnent qu’en situation de stress extrême et qui se retrouveraient en manque s’ils faisaient comme moi.

Et je sais d’expérience que la fiabilité telle que je l’ai définie, ça reste l’exception, la très grande exception. Ce ne sera jamais la norme. D’autant plus qu’il suffit de déroger à la règle une seule fois pour entacher votre réputation de fiabilité à jamais. Mais plus il y aura de fournisseurs fiables, plus les fournisseurs imprévisibles seront écartés au profit des premiers, car les clients ne seront plus résignés à vivre dans l’angoisse qui naît lorsque l’on dépend de fournisseurs imprévisibles.

Au moins, je serai alors du bon côté de la barrière.

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Des chiffres et des lettres

camembert.jpgComme je vous l’expliquais—et ce n’était pas une boutade—une fois que vous avez fait le tour de la question (comment se mettre à son compte) et que vous vous retrouvez étourdi avec plus de questions que de réponses, vous vous trouvez un expert comptable qui vous aide alors à faire le tri et à trouver la formule qui vous convient.

Donc vous avez ou vous êtes maintenant votre petite entreprise et votre comptable s’occupe de tous les aspects techniques qui vous échappent ou que vous ne souhaitez pas creuser parce que vous avez mieux à faire.

Il reste que c’est à vous de facturer vos clients et de trouver un système pour suivre votre activité au jour le jour.

  • Il ne faut pas oublier de facturer vos clients
  • Il faut les relancer s’ils ne paient pas à échéance
  • Il est utile d’avoir une idée de l’état de votre trésorerie
  • Il est utile d’avoir une idée de la progression ou non de votre chiffre d’affaires

Si vous êtes télétravailleur, vous n’êtes à priori pas trop allergique à l’informatique et vous allez chercher une solution de ce côté-là.

Et si vous êtes comme moi, vous allez vous retrouver complètement bloqué. Car il existe des tas de logiciels de compta ou de gestion pour les professions libérales qui vous permettent de suivre tout ça dans les règles de l’art, mais qui vous obligent en fait à maîtriser les concepts et à gérer l’ensemble de votre comptabilité.

Si ça vous chante, pourquoi pas. Mais moi, comme je vous le répète depuis le début, je n’ai ni le temps, ni l’envie d’apprendre le jargon et les règles de ce (noble) métier.

Et je me fous de suivre les règles de l’art en la matière. Je veux juste savoir où j’en suis.

Donc que faire?

Voici mon flux de travail complet:

  • Je reçois une demande de devis
  • J’envoie mon devis par email
  • Je reçois l’accord du client
  • Je consigne quelques infos sur le projet dans un grand tableau: client, projet, montant.
  • Lorsque je suis prêt à livrer, je crée une facture (j’utilise une petite base que je me suis construite dans FileMaker Pro, mais tous les tableurs et/ou traitements de texte ont des modèles de facture qui peuvent faire l’affaire).
  • J’ajoute la date et le numéro de facture au projet concerné dans mon petit tableau
  • Lorsque je reçois le paiement, j’ajoute que le paiement a été reçu au même tableau
tablo.jpg

Ensuite, c’est facile de trier/filtrer par client et avec un peu d’astuce, par mois, par trimestre etc. Et je me suis même conçu un petit tableau récapitulatif qui me montre le total facturé, encaissé, et en cours par trimestre et ça me suffit amplement.

Je ne sais pas si c’est un tropisme français, mais je n’ai pas trouvé le moindre logiciel axé sur la facturation et le suivi de base qui soit adapté. Il existe plein de solutions venant des États-Unis, mais qui sont difficilement utilisables en France (problèmes de langue, de conventions, voire de devise, de TVA etc.)

Sur Mac, j’ai trouvé un logiciel vraiment très bien, Billings, qui ne m’oblige pas à penser compta, qui est axé projet et facturation, qui gère la TVA et l’Euro et qui permet de créer ses propres modèles de factures (même si cet aspect-là du programme n’est pas simple). S’il ne coinçait pas sur un détail crucial et spécifique à ma profession, je pourrais aisément m’y convertir. Je leur ai demandé la modification dont j’ai besoin. On verra bien.

Sur pécé, je ne me suis pas renseigné.

Et vous, qu’utilisez-vous ?

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Souriez, vous êtes filmé

clap.jpgJe vous entend d’ici me dire que “c’est bien joli tout ça, mais je ne suis pas à mon compte, mon bon monsieur, je suis salarié et tout ça ne s’applique pas à moi”.

Si vous êtes conducteur de bus ou comédien ou restaurateur ou ouvrier en bâtiment, c’est entendu.

Si vous travaillez dans un bureau, laissez-moi rire. Vous y partagez votre vie entre l’ordinateur, le téléphone, la machine à café et les réunions.

Vous allez me dire “ah oui, les réunions, comment on fait pour les réunions ?”

J’ai travaillé en entreprise moi aussi, en tant qu’employé et en tant que cadre, principalement dans ce qu’on a appelé des studios multimédia et des Web agency. Le fait que tout le monde soit réuni en un même endroit présente certes quelques avantages.

Mais vous savez comme moi que ce n’est pas parce que tout le monde travaille sur un même site qu’il est commode d’identifier des créneaux horaires qui conviennent à tout le monde.

Aujourd’hui, je ne suis pas que traducteur, activité solitaire s’il en est. Je fais également partie d’une start-up qui a eu et n’a plus de bureaux. Cela ne nous empêche pas de nous réunir, y compris avec des sous-traitants au quatre coins de France et de Navarre.

En effet, le haut débit permet la visioconférence à plusieurs, comme ici :

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Les protagonistes (mal rasés) de cette scène édifiante se trouvent dans deux arrondissements de Paris, en banlieue parisienne et à Lyon (et visiblement, dans un débarras, une cuisine, une salle de réunion (ça donne le tournis) et un boudoir).

Ce qu’il vous faut :

  • Une connexion haut-débit à Internet.
  • Un ordinateur et une WebCam (les portables et les iMac d’Apple ont tous une Webcam intégrée. Sur pécé, il existe plein de modèles pas chers du tout).
  • Un logiciel de visioconférence.

Attardons-nous sur ce dernier point.

Si vous et vos interlocuteurs êtes sur Mac, vous pouvez utiliser le logiciel iChat livré avec l’ordinateur. Vous devrez ouvrir un compte sur le service .Mac (payant) ou sur le service AIM (gratuit).

iChat permet la visioconférence à plusieurs et la toute dernière mouture, intégrée à Mac OS X 10.5 “Leopard” permet en outre de partager des photos, présentations, PDF etc, de prendre le contrôle de l’ordinateur de l’un des participants (avec son accord bien sûr) et même d’utiliser des effets spéciaux et d’insérer des arrières-plans fixes ou animés pour faire croire que vous télétravaillez depuis le fond d’un océan ou du haut d’un monastère tibétain.

J’utilise aussi Skype, solution œcuménique qui fonctionne indifféremment sur Mac et Pécé (inscription et utilisation gratuite).

Il existe d’autres solutions, mais ces deux-là semblent tenir le haut du pavé.

Alors comment fait-on ensuite pour lancer une téléconférence ?

C’est d’une simplicité enfantine. Dans iChat comme dans Skype, une icône caméra apparaît en regard des personnes que vous avez ajoutés à votre liste de contacts et qui disposent d’une Webcam. Vous cliquez sur l’icône, votre interlocuteur accepte la demande de visioconférence et c’est parti.

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Délocalisations

embout.jpgQui est le plus opposé au télétravail : l’employeur ou l’employé ?

La réponse est évidente : l’employé.

Si votre employeur pouvait confier votre job à un télétravailleur en Inde, en Chine à Madagascar ou ailleurs, il y a des chances qu’il le ferait. La bonne nouvelle, c’est que s’il ne l’a pas fait, c’est sans doute qu’il a plus à y perdre qu’à y gagner, peut-être même parce que vous apportez de la valeur ajoutée à votre job.

Donc, ne dites pas à votre employeur que vous souhaitez être télétravailleur. Dites-lui que vous souhaitez être délocalisé. Chez vous.

Ou si votre employeur souhaite délocaliser votre job à l’étranger, proposez-lui plutôt de le délocaliser chez vous.

Sauf que vous ne voulez pas être délocalisé. Même chez vous.

(Je dis vous parce que je m’adresse aux réticents ; ne vous sentez pas forcément personnellement visé).

Alors pourquoi ?

Ce que j’entends le plus souvent, je dirais 9 fois sur 10, c’est que vous n’auriez jamais la discipline de travailler si vous étiez dans vos propres murs.

Voilà un argument qui me paraît suspect. Si vous avez un job à faire et que vous ne le faites pas, vous allez être viré. Donc, vous le faites. Bien obligé. Sans parler du contrat moral qui vous oblige à donner un minimum de vous-même en échange de votre salaire.

Cet argument sous-entend surtout que si vous étiez chez vous, vous seriez tenté de faire toutes les autres choses si épanouissantes qui font le sel de votre existence.

Or, si vous ne passez plus 1 à 2 heures par jour dans les transports, si vous ne dépensez plus du temps et des sous à porter vos costumes ou vos tailleurs à nettoyer, si vous n’êtes plus obligé d’aller acheter des pompes à bouts pointus parce que les bouts carrés de l’année dernière c’est has-been (ou l’inverse, j’en sais rien), si vous ne pompez plus une partie non négligeable de votre salaire dans le réservoir de votre voiture, vous disposez justement de plus de temps libre et de pouvoir d’achat pour vous adonner à toutes ces passions dévorantes.

Ce serait déjà bon à prendre, non ?

Mais c’est là que le bât blesse. Sentir ce temps libre et ce pouvoir d’achat supplémentaires à portée de main ?

L’angoisse. Le vertige.

La crainte (fondée ou non) de se retrouver à travailler chez soi et de s’apercevoir qu’à part regarder la chaîne de téléachat (ou fasheun tivi), vous n’avez rien de vraiment mieux à faire que de bosser.

Un jour, il y a longtemps, alors que j’étais exceptionnellement bloqué dans un embouteillage monstre à l’entrée ou à la sortie de Paris, le chauffeur de mon taxi s’est mis à philosopher. Il me fit remarquer que la plupart des voitures n’avaient qu’un seul occupant. Je bafouillai alors quelque platitude compatissante sur le sort peu envieux de ces habitués des bouchons. Le chauffeur rigola doucement et me plaça en face de l’évidence même. Tous ces automobilistes solitaires, coincés pendant des heures, étaient bien contents. C’était leur petit moment de paix quotidien, entre le stress du bureau d’un côté et les exigences de leurs conjoints et les cris stridents de leur progéniture de l’autre, passé à fantasmer ou à écouter les blagues graveleuses des Grosses Têtes en toute impunité.

Tout ça pour dire que je ne suis pas naïf et que suis bien conscient que le télétravail n’est pas qu’une simple réorganisation du travail. À grande échelle, contraint ou forcé, c’est une révolution qui nous met en face de toutes nos contradictions (pour éviter les gros mots d’antan, comme aliénation).

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