De bonnes factures

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Comme tout blogueur qui se respecte, je regarde les statistiques d’accès à mes blogs, et dans le cas de télétravail 2.0, je regarde tout particulièrement les expressions recherchées par les Internautes sur les moteurs de recherche et qui les ont amenés sur ce site.

Les recherches se répartissent en deux grands ensembles : des questions portant sur la comptabilité (”comment créer un compte client en comptabilité”) et des questions très générales, souvent d’une naïveté déconcertante (”combien gagne un teletravailleur indepandent”, ou “logiciel du teletravail” [sic])…

J’ai déjà expliqué ici que je ne compte pas donner de conseils ou d’infos de comptabilité, puisque je sous-traite ces questions et problématiques à un expert comptable, dont c’est le travail, et je vous conseille d’en faire de même.

Je ne m’attendais pas aux questions très basiques sur le télétravail. Je suis parti du principe, visiblement à tort, que tout le monde savait (à peu près) de quoi il s’agissait. Peut-être faudra-t-il que j’écrive un billet qui répond à ces questions fondamentales. Ou pas.

Restent enfin deux objets de recherche qui reviennent régulièrement : le portage salarial et la facturation.

Concernant le portage salarial, j’espère que mon billet sur la question répond aux interrogations de ces Internautes.

Quant à la facturation, il y a ceux qui cherchent des modèles, et ceux qui veulent savoir ce qui doit figurer sur une facture.

Alors je le redis ici. Si vous utilisez Microsoft Office, vous disposez de modèles de facture. Bien que je n’utilise plus Excel et que je sois sur Mac, je vous donne le truc pour Excel sous Windows. Lancez Excel, allez dans Fichier > Nouveau classeur, puis sélectionnez Créer à partir d’un modèle. Vous devriez trouver un modèle de facture.

Pour ce qui doit figurer sur une facture, question légitime que je me suis posée au départ de mon activité, car je ne passe pas par mon comptable pour facturer mes clients, voici ce que je peux vous dire (je ne suis pas responsable en cas de perte ou dommage suite à une éventuelle erreur, bla, bla, bla).

Il n’y a pas de règle de facturation particulière pour le télétravail, donc les infos qui pullulent sur la toile s’appliquent.

Néanmoins, puisque vous êtes ici, je vais vous aider. La liste présentée ci-après est tirée du un Dico de gestion du dirigeant qui figure dans l’agenda papier que m’a offert mon expert comptable (et hop, une raison supplémentaire d’avoir recours à l’un d’eux).

Donc allons y :

  • Le nom, l’adresse, le numéro SIREN/SIRET
  • Le nom et l’adresse du client facturé
  • Les numéros d’identification à la TVA (votre N° de TVA quoi)
  • La date de la facture
  • Le numéro de la facture (note que les numéros doivent être consécutifs !)
  • La dénomination et la quantité précises des produits ou de la prestation.
  • Le prix unitaire et la TVA applicable
  • La date de règlement
  • Facultatif : pénalités de retard, conditions d’escompte par paiement anticipé (aucune idée), conditions générales de vente…

J’espère que tous ceux (nombreux) qui semblent arriver sur ce blog à la recherche de cette info seront satisfaits.

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Y aller ou pas : une alternative

labyrinth.jpgChose promise, chose due.

En France, si vous voulez facturer des clients et que vous hésitez à vous mettre à votre compte, il existe une solution intermédiaire : le portage salarial.

Il s’agit d’un système qui flirte avec les limites de la légalité, mais qui a de nombreux adeptes.

Vous choisissez une société de portage, vous allez les voir et vous signez un contrat à durée déterminée (CDD) en tant que “consultant” salarié de la société. Ils ne sont pas très regardants ou difficiles, car ils ne risquent pas grand-chose à vous “embaucher”.

Voici comment ça marche :

  • La société de portage ne vous aide pas à trouver des clients. C’est entièrement votre problème.
  • Vous ne facturez pas vos clients. Vos clients paient la société de portage. Toute l’astuce est là.
  • Vous recevez un salaire fixe symbolique et minuscule (obligatoire pour rester dans la légalité) et un salaire variable, qui correspond à ce que vous/la société de portage facturez à vos clients.
  • Vous payez vos charges salariales sur votre chiffre d’affaires (CA) brut, ce qui est bien normal.
  • Par contre, vous payez également toutes les charges patronales sur votre CA brut.
  • Et pour le service rendu (l’édition d’une fiche de paie et de vos factures), la société de portage ponctionne entre 10 et 15% de votre CA brut (le pourcentage diminue plus votre CA augmente).

Exemple : vous gagnez 100€. Là dessus, la société de portage retire les charges salariales et patronales et si elle vous prend 12% de votre CA (c’était mon cas), vous empochez 48€ nets (avant impôts sur le revenu bien entendu).

À titre de comparaison, en tant qu’indépendant, mon expert comptable me dit que l’on paie environ 40% de charges sur son revenu imposable (qui est bien inférieur au CA brut, parce qu’il y a des abattements et que vous pouvez déduire des tas de trucs de vos revenus, dont certaines charges, ce qui donne des calculs diaboliquement compliqués qui se mordent la queue dans tous les sens et c’est bien pour ça que je paie un expert comptable).

Mais je m’égare.

Pour faire simple, admettons que vous ne payez que 12% de plus qui si vous étiez indépendant.

Après-tout, pourquoi pas ? Ce n’est pas forcément un mauvais calcul, surtout quand vous débutez et n’avez pas encore un CA très régulier.

Autre avantage potentiellement précieux : en tant que salarié, vous avez des fiches de paie, même si le montant peut varier du tout au tout d’un mois à l’autre. Sachez toutefois qu’à Paris en tout cas, les Assedic sont au parfum et malgré le fait que vous payez les cotisations de chômage comme tout “salarié”, cela ne vous donne aucun droit. Vous ne recevrez pas un sou des Assedic si vous vous retrouvez de fait sans emploi.

À titre personnel, cette expérience m’a déplu pour plusieurs raisons :

  • Déjà, c’est compliqué d’expliquer à vos clients que vous êtes “indépendant”, mais que vous facturez par le biais d’une société de portage. Il faut trouver le bon discours pour ne pas les effrayer, ni vous déconsidérer à leurs yeux.
  • C’est très difficile de comprendre comment ça marche dans les détails. Vous posez des questions simples et pratiques et la société de portage vous répond en langage codé. J’en suis venu à la conclusion que les (vrais) employés de ces sociétés sont formés à soigneusement policer leur langage et ne pas utiliser certains termes ni donner certaines réponses qui pourraient les mettre en délicatesse avec la justice, dès fois que vous seriez un inspecteur du travail.
  • La paperasserie est assez monstrueuse. “Contrats d’intervention” à faire signer par vos clients pour chaque job, formulaires à envoyer à la société de portage pour qu’ils lancent la facturation de vos clients, formulaires de reporting auprès de la société de portage à la fin de chaque mois, CDD à signer tous les x mois, etc.
  • Il ne vaut mieux pas avoir à gérer des cas particuliers, comme des clients à l’étranger ou qui souhaitent recevoir les factures par fax ou par email. Une fois sur deux, la boîte de portage ne suit pas.
  • Enfin, psychologiquement, c’est dur de facturer 4000€ et de recevoir un salaire de 1900€ (quand vous êtes indépendant, vous empochez les 4000€ et vous passez à la caisse plus tard).

Bref (si j’ose dire), si vous avez eu le courage de lire jusqu’ici et si vous comparez la longueur de ce billet à celle de mon billet sur comment devenir indépendant, vous constaterez que contrairement à ce qu’on aurait pu croire, le défaut principal du portage salarial, c’est d’être bien plus compliqué et chronophage que l’alternative !

Car il faut bien ajouter le temps passé et le stress occasionné au débit de cette solution. Je suis paradoxalement bien plus productif et serein depuis que je me suis mis à mon compte.

Partagez vos expériences et votre point de vue sur les sociétés de portage salarial.

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