Souriez, vous êtes filmé

clap.jpgJe vous entend d’ici me dire que “c’est bien joli tout ça, mais je ne suis pas à mon compte, mon bon monsieur, je suis salarié et tout ça ne s’applique pas à moi”.

Si vous êtes conducteur de bus ou comédien ou restaurateur ou ouvrier en bâtiment, c’est entendu.

Si vous travaillez dans un bureau, laissez-moi rire. Vous y partagez votre vie entre l’ordinateur, le téléphone, la machine à café et les réunions.

Vous allez me dire “ah oui, les réunions, comment on fait pour les réunions ?”

J’ai travaillé en entreprise moi aussi, en tant qu’employé et en tant que cadre, principalement dans ce qu’on a appelé des studios multimédia et des Web agency. Le fait que tout le monde soit réuni en un même endroit présente certes quelques avantages.

Mais vous savez comme moi que ce n’est pas parce que tout le monde travaille sur un même site qu’il est commode d’identifier des créneaux horaires qui conviennent à tout le monde.

Aujourd’hui, je ne suis pas que traducteur, activité solitaire s’il en est. Je fais également partie d’une start-up qui a eu et n’a plus de bureaux. Cela ne nous empêche pas de nous réunir, y compris avec des sous-traitants au quatre coins de France et de Navarre.

En effet, le haut débit permet la visioconférence à plusieurs, comme ici :

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Les protagonistes (mal rasés) de cette scène édifiante se trouvent dans deux arrondissements de Paris, en banlieue parisienne et à Lyon (et visiblement, dans un débarras, une cuisine, une salle de réunion (ça donne le tournis) et un boudoir).

Ce qu’il vous faut :

  • Une connexion haut-débit à Internet.
  • Un ordinateur et une WebCam (les portables et les iMac d’Apple ont tous une Webcam intégrée. Sur pécé, il existe plein de modèles pas chers du tout).
  • Un logiciel de visioconférence.

Attardons-nous sur ce dernier point.

Si vous et vos interlocuteurs êtes sur Mac, vous pouvez utiliser le logiciel iChat livré avec l’ordinateur. Vous devrez ouvrir un compte sur le service .Mac (payant) ou sur le service AIM (gratuit).

iChat permet la visioconférence à plusieurs et la toute dernière mouture, intégrée à Mac OS X 10.5 “Leopard” permet en outre de partager des photos, présentations, PDF etc, de prendre le contrôle de l’ordinateur de l’un des participants (avec son accord bien sûr) et même d’utiliser des effets spéciaux et d’insérer des arrières-plans fixes ou animés pour faire croire que vous télétravaillez depuis le fond d’un océan ou du haut d’un monastère tibétain.

J’utilise aussi Skype, solution œcuménique qui fonctionne indifféremment sur Mac et Pécé (inscription et utilisation gratuite).

Il existe d’autres solutions, mais ces deux-là semblent tenir le haut du pavé.

Alors comment fait-on ensuite pour lancer une téléconférence ?

C’est d’une simplicité enfantine. Dans iChat comme dans Skype, une icône caméra apparaît en regard des personnes que vous avez ajoutés à votre liste de contacts et qui disposent d’une Webcam. Vous cliquez sur l’icône, votre interlocuteur accepte la demande de visioconférence et c’est parti.

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Y aller ou pas : une alternative

labyrinth.jpgChose promise, chose due.

En France, si vous voulez facturer des clients et que vous hésitez à vous mettre à votre compte, il existe une solution intermédiaire : le portage salarial.

Il s’agit d’un système qui flirte avec les limites de la légalité, mais qui a de nombreux adeptes.

Vous choisissez une société de portage, vous allez les voir et vous signez un contrat à durée déterminée (CDD) en tant que “consultant” salarié de la société. Ils ne sont pas très regardants ou difficiles, car ils ne risquent pas grand-chose à vous “embaucher”.

Voici comment ça marche :

  • La société de portage ne vous aide pas à trouver des clients. C’est entièrement votre problème.
  • Vous ne facturez pas vos clients. Vos clients paient la société de portage. Toute l’astuce est là.
  • Vous recevez un salaire fixe symbolique et minuscule (obligatoire pour rester dans la légalité) et un salaire variable, qui correspond à ce que vous/la société de portage facturez à vos clients.
  • Vous payez vos charges salariales sur votre chiffre d’affaires (CA) brut, ce qui est bien normal.
  • Par contre, vous payez également toutes les charges patronales sur votre CA brut.
  • Et pour le service rendu (l’édition d’une fiche de paie et de vos factures), la société de portage ponctionne entre 10 et 15% de votre CA brut (le pourcentage diminue plus votre CA augmente).

Exemple : vous gagnez 100€. Là dessus, la société de portage retire les charges salariales et patronales et si elle vous prend 12% de votre CA (c’était mon cas), vous empochez 48€ nets (avant impôts sur le revenu bien entendu).

À titre de comparaison, en tant qu’indépendant, mon expert comptable me dit que l’on paie environ 40% de charges sur son revenu imposable (qui est bien inférieur au CA brut, parce qu’il y a des abattements et que vous pouvez déduire des tas de trucs de vos revenus, dont certaines charges, ce qui donne des calculs diaboliquement compliqués qui se mordent la queue dans tous les sens et c’est bien pour ça que je paie un expert comptable).

Mais je m’égare.

Pour faire simple, admettons que vous ne payez que 12% de plus qui si vous étiez indépendant.

Après-tout, pourquoi pas ? Ce n’est pas forcément un mauvais calcul, surtout quand vous débutez et n’avez pas encore un CA très régulier.

Autre avantage potentiellement précieux : en tant que salarié, vous avez des fiches de paie, même si le montant peut varier du tout au tout d’un mois à l’autre. Sachez toutefois qu’à Paris en tout cas, les Assedic sont au parfum et malgré le fait que vous payez les cotisations de chômage comme tout “salarié”, cela ne vous donne aucun droit. Vous ne recevrez pas un sou des Assedic si vous vous retrouvez de fait sans emploi.

À titre personnel, cette expérience m’a déplu pour plusieurs raisons :

  • Déjà, c’est compliqué d’expliquer à vos clients que vous êtes “indépendant”, mais que vous facturez par le biais d’une société de portage. Il faut trouver le bon discours pour ne pas les effrayer, ni vous déconsidérer à leurs yeux.
  • C’est très difficile de comprendre comment ça marche dans les détails. Vous posez des questions simples et pratiques et la société de portage vous répond en langage codé. J’en suis venu à la conclusion que les (vrais) employés de ces sociétés sont formés à soigneusement policer leur langage et ne pas utiliser certains termes ni donner certaines réponses qui pourraient les mettre en délicatesse avec la justice, dès fois que vous seriez un inspecteur du travail.
  • La paperasserie est assez monstrueuse. “Contrats d’intervention” à faire signer par vos clients pour chaque job, formulaires à envoyer à la société de portage pour qu’ils lancent la facturation de vos clients, formulaires de reporting auprès de la société de portage à la fin de chaque mois, CDD à signer tous les x mois, etc.
  • Il ne vaut mieux pas avoir à gérer des cas particuliers, comme des clients à l’étranger ou qui souhaitent recevoir les factures par fax ou par email. Une fois sur deux, la boîte de portage ne suit pas.
  • Enfin, psychologiquement, c’est dur de facturer 4000€ et de recevoir un salaire de 1900€ (quand vous êtes indépendant, vous empochez les 4000€ et vous passez à la caisse plus tard).

Bref (si j’ose dire), si vous avez eu le courage de lire jusqu’ici et si vous comparez la longueur de ce billet à celle de mon billet sur comment devenir indépendant, vous constaterez que contrairement à ce qu’on aurait pu croire, le défaut principal du portage salarial, c’est d’être bien plus compliqué et chronophage que l’alternative !

Car il faut bien ajouter le temps passé et le stress occasionné au débit de cette solution. Je suis paradoxalement bien plus productif et serein depuis que je me suis mis à mon compte.

Partagez vos expériences et votre point de vue sur les sociétés de portage salarial.

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