Mon trésor

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Vous êtes à votre compte, en tant que travailleur indépendant.

Vous avez des clients.

Vous avez du travail.

Vous facturez, vous facturez.

Tout baigne, tout va bien.

Sauf que…

Il ne faut pas confondre chiffre d’affaires et argent dans votre poche…

Si vous êtes comme moi, deux choses vous faisaient peur à l’idée de vous lancer.

1/ L’aspect administratif, mais ça, comme nous l’avons vu, c’est un faux problème.

2/ Le fait que la première année, les charges sont forfaitaires.

En fait, l’URSSAF, la sécu et les retraites vous facturent des sommes relativement modestes la première année.

Et la deuxième année, ces administrations regardent ce que vous avez réellement gagné la première année, et elles vous “régularisent”.

Non seulement elles ajustent ce que vous devez désormais leur payer, mais elles vous réclament la différence entre les montants forfaitaires payés la première année et ce que vous auriez du leur payer, au regard de votre CA réel.

Le moment venu, il faut donc avoir les reins assez solides pour pouvoir payer les charges au réel, ainsi que la régularisation, ce qui peut représenter des sommes conséquentes.

Certes, elles ne vous tombent pas toutes dessus exactement en même temps, et elles ne réclament pas tout d’un coup. Par défaut, elles vous proposent un échéancier de paiement.

Et puis ça part d’un bon sentiment. Il s’agit de ne pas vous assommer de charges alors que vous lancez votre activité.

Mais il est facile de se dire qu’on gagne bien sa vie la première année, en oubliant que l’on est en sursis…

Moi, ça fait maintenant deux ans que je me suis lancé, et malgré ma prudence, je vivais dans l’angoisse de ne pas pouvoir faire face à ces régularisations le moment venu.

Finalement, même si ça fait mal quand ça vous tombe dessus, j’ai globalement passé ce cap et tenu le choc.

(Cela étant, j’ai fait un meilleur chiffre la deuxième année que la première, donc les régularisations vont continuer).

Je ne cherche pas à vous décourager. Dans les faits, ce n’est pas si compliqué que ça.

1/ Il suffit de facturer en conséquence.

En gros, s’il vous faut 2000€ par mois pour (sur)vivre, il faut pouvoir facturer le double et ne pas dépenser le surplus.

2/ Il faut autant que possible travailler régulièrement.

Car lorsque vous facturez 4000€, sur papier, et aux yeux des administrations, vous avez gagné 4000€, même si la somme n’arrivera dans votre compte en banque qu’un mois plus tard (si tout va bien)… Vous vivez donc du fruit de vos travaux passés.

Je n’ai pas de truc à vous proposer.

Du point de vue des sous, il faut être plus fourmi que cigale.

Il faut avoir la discipline de mettre des sous de côté tous les mois, ou de ne pas tout dépenser.

L’indépendance est à ce prix.

Je me rassure de plusieurs manières.

1/ Je suis mon CA. C’est grisant.

2/ Je suis les sommes que j’ai facturées, mais pas encore perçues. Ce qu’on appelle la trésorerie.

Là, il y a deux manières de voir les choses : le verre à moitié vide ou à moitié plein…

C’est flippant de constater le décalage entre ce que vous avez facturé et ce que vous avez perçu.

Il faut donc regarder la somme d’argent énorme que vous allez percevoir (et non que vous n’avez pas perçue), qui va récompenser votre travail et qui symbolise et célèbre la réussite de votre vie d’indépendant.

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Y aller ou pas : une alternative

labyrinth.jpgChose promise, chose due.

En France, si vous voulez facturer des clients et que vous hésitez à vous mettre à votre compte, il existe une solution intermédiaire : le portage salarial.

Il s’agit d’un système qui flirte avec les limites de la légalité, mais qui a de nombreux adeptes.

Vous choisissez une société de portage, vous allez les voir et vous signez un contrat à durée déterminée (CDD) en tant que “consultant” salarié de la société. Ils ne sont pas très regardants ou difficiles, car ils ne risquent pas grand-chose à vous “embaucher”.

Voici comment ça marche :

  • La société de portage ne vous aide pas à trouver des clients. C’est entièrement votre problème.
  • Vous ne facturez pas vos clients. Vos clients paient la société de portage. Toute l’astuce est là.
  • Vous recevez un salaire fixe symbolique et minuscule (obligatoire pour rester dans la légalité) et un salaire variable, qui correspond à ce que vous/la société de portage facturez à vos clients.
  • Vous payez vos charges salariales sur votre chiffre d’affaires (CA) brut, ce qui est bien normal.
  • Par contre, vous payez également toutes les charges patronales sur votre CA brut.
  • Et pour le service rendu (l’édition d’une fiche de paie et de vos factures), la société de portage ponctionne entre 10 et 15% de votre CA brut (le pourcentage diminue plus votre CA augmente).

Exemple : vous gagnez 100€. Là dessus, la société de portage retire les charges salariales et patronales et si elle vous prend 12% de votre CA (c’était mon cas), vous empochez 48€ nets (avant impôts sur le revenu bien entendu).

À titre de comparaison, en tant qu’indépendant, mon expert comptable me dit que l’on paie environ 40% de charges sur son revenu imposable (qui est bien inférieur au CA brut, parce qu’il y a des abattements et que vous pouvez déduire des tas de trucs de vos revenus, dont certaines charges, ce qui donne des calculs diaboliquement compliqués qui se mordent la queue dans tous les sens et c’est bien pour ça que je paie un expert comptable).

Mais je m’égare.

Pour faire simple, admettons que vous ne payez que 12% de plus qui si vous étiez indépendant.

Après-tout, pourquoi pas ? Ce n’est pas forcément un mauvais calcul, surtout quand vous débutez et n’avez pas encore un CA très régulier.

Autre avantage potentiellement précieux : en tant que salarié, vous avez des fiches de paie, même si le montant peut varier du tout au tout d’un mois à l’autre. Sachez toutefois qu’à Paris en tout cas, les Assedic sont au parfum et malgré le fait que vous payez les cotisations de chômage comme tout “salarié”, cela ne vous donne aucun droit. Vous ne recevrez pas un sou des Assedic si vous vous retrouvez de fait sans emploi.

À titre personnel, cette expérience m’a déplu pour plusieurs raisons :

  • Déjà, c’est compliqué d’expliquer à vos clients que vous êtes “indépendant”, mais que vous facturez par le biais d’une société de portage. Il faut trouver le bon discours pour ne pas les effrayer, ni vous déconsidérer à leurs yeux.
  • C’est très difficile de comprendre comment ça marche dans les détails. Vous posez des questions simples et pratiques et la société de portage vous répond en langage codé. J’en suis venu à la conclusion que les (vrais) employés de ces sociétés sont formés à soigneusement policer leur langage et ne pas utiliser certains termes ni donner certaines réponses qui pourraient les mettre en délicatesse avec la justice, dès fois que vous seriez un inspecteur du travail.
  • La paperasserie est assez monstrueuse. “Contrats d’intervention” à faire signer par vos clients pour chaque job, formulaires à envoyer à la société de portage pour qu’ils lancent la facturation de vos clients, formulaires de reporting auprès de la société de portage à la fin de chaque mois, CDD à signer tous les x mois, etc.
  • Il ne vaut mieux pas avoir à gérer des cas particuliers, comme des clients à l’étranger ou qui souhaitent recevoir les factures par fax ou par email. Une fois sur deux, la boîte de portage ne suit pas.
  • Enfin, psychologiquement, c’est dur de facturer 4000€ et de recevoir un salaire de 1900€ (quand vous êtes indépendant, vous empochez les 4000€ et vous passez à la caisse plus tard).

Bref (si j’ose dire), si vous avez eu le courage de lire jusqu’ici et si vous comparez la longueur de ce billet à celle de mon billet sur comment devenir indépendant, vous constaterez que contrairement à ce qu’on aurait pu croire, le défaut principal du portage salarial, c’est d’être bien plus compliqué et chronophage que l’alternative !

Car il faut bien ajouter le temps passé et le stress occasionné au débit de cette solution. Je suis paradoxalement bien plus productif et serein depuis que je me suis mis à mon compte.

Partagez vos expériences et votre point de vue sur les sociétés de portage salarial.

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