Des chiffres et des lettres

camembert.jpgComme je vous l’expliquais—et ce n’était pas une boutade—une fois que vous avez fait le tour de la question (comment se mettre à son compte) et que vous vous retrouvez étourdi avec plus de questions que de réponses, vous vous trouvez un expert comptable qui vous aide alors à faire le tri et à trouver la formule qui vous convient.

Donc vous avez ou vous êtes maintenant votre petite entreprise et votre comptable s’occupe de tous les aspects techniques qui vous échappent ou que vous ne souhaitez pas creuser parce que vous avez mieux à faire.

Il reste que c’est à vous de facturer vos clients et de trouver un système pour suivre votre activité au jour le jour.

  • Il ne faut pas oublier de facturer vos clients
  • Il faut les relancer s’ils ne paient pas à échéance
  • Il est utile d’avoir une idée de l’état de votre trésorerie
  • Il est utile d’avoir une idée de la progression ou non de votre chiffre d’affaires

Si vous êtes télétravailleur, vous n’êtes à priori pas trop allergique à l’informatique et vous allez chercher une solution de ce côté-là.

Et si vous êtes comme moi, vous allez vous retrouver complètement bloqué. Car il existe des tas de logiciels de compta ou de gestion pour les professions libérales qui vous permettent de suivre tout ça dans les règles de l’art, mais qui vous obligent en fait à maîtriser les concepts et à gérer l’ensemble de votre comptabilité.

Si ça vous chante, pourquoi pas. Mais moi, comme je vous le répète depuis le début, je n’ai ni le temps, ni l’envie d’apprendre le jargon et les règles de ce (noble) métier.

Et je me fous de suivre les règles de l’art en la matière. Je veux juste savoir où j’en suis.

Donc que faire?

Voici mon flux de travail complet:

  • Je reçois une demande de devis
  • J’envoie mon devis par email
  • Je reçois l’accord du client
  • Je consigne quelques infos sur le projet dans un grand tableau: client, projet, montant.
  • Lorsque je suis prêt à livrer, je crée une facture (j’utilise une petite base que je me suis construite dans FileMaker Pro, mais tous les tableurs et/ou traitements de texte ont des modèles de facture qui peuvent faire l’affaire).
  • J’ajoute la date et le numéro de facture au projet concerné dans mon petit tableau
  • Lorsque je reçois le paiement, j’ajoute que le paiement a été reçu au même tableau
tablo.jpg

Ensuite, c’est facile de trier/filtrer par client et avec un peu d’astuce, par mois, par trimestre etc. Et je me suis même conçu un petit tableau récapitulatif qui me montre le total facturé, encaissé, et en cours par trimestre et ça me suffit amplement.

Je ne sais pas si c’est un tropisme français, mais je n’ai pas trouvé le moindre logiciel axé sur la facturation et le suivi de base qui soit adapté. Il existe plein de solutions venant des États-Unis, mais qui sont difficilement utilisables en France (problèmes de langue, de conventions, voire de devise, de TVA etc.)

Sur Mac, j’ai trouvé un logiciel vraiment très bien, Billings, qui ne m’oblige pas à penser compta, qui est axé projet et facturation, qui gère la TVA et l’Euro et qui permet de créer ses propres modèles de factures (même si cet aspect-là du programme n’est pas simple). S’il ne coinçait pas sur un détail crucial et spécifique à ma profession, je pourrais aisément m’y convertir. Je leur ai demandé la modification dont j’ai besoin. On verra bien.

Sur pécé, je ne me suis pas renseigné.

Et vous, qu’utilisez-vous ?

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Y aller ou pas : une alternative

labyrinth.jpgChose promise, chose due.

En France, si vous voulez facturer des clients et que vous hésitez à vous mettre à votre compte, il existe une solution intermédiaire : le portage salarial.

Il s’agit d’un système qui flirte avec les limites de la légalité, mais qui a de nombreux adeptes.

Vous choisissez une société de portage, vous allez les voir et vous signez un contrat à durée déterminée (CDD) en tant que “consultant” salarié de la société. Ils ne sont pas très regardants ou difficiles, car ils ne risquent pas grand-chose à vous “embaucher”.

Voici comment ça marche :

  • La société de portage ne vous aide pas à trouver des clients. C’est entièrement votre problème.
  • Vous ne facturez pas vos clients. Vos clients paient la société de portage. Toute l’astuce est là.
  • Vous recevez un salaire fixe symbolique et minuscule (obligatoire pour rester dans la légalité) et un salaire variable, qui correspond à ce que vous/la société de portage facturez à vos clients.
  • Vous payez vos charges salariales sur votre chiffre d’affaires (CA) brut, ce qui est bien normal.
  • Par contre, vous payez également toutes les charges patronales sur votre CA brut.
  • Et pour le service rendu (l’édition d’une fiche de paie et de vos factures), la société de portage ponctionne entre 10 et 15% de votre CA brut (le pourcentage diminue plus votre CA augmente).

Exemple : vous gagnez 100€. Là dessus, la société de portage retire les charges salariales et patronales et si elle vous prend 12% de votre CA (c’était mon cas), vous empochez 48€ nets (avant impôts sur le revenu bien entendu).

À titre de comparaison, en tant qu’indépendant, mon expert comptable me dit que l’on paie environ 40% de charges sur son revenu imposable (qui est bien inférieur au CA brut, parce qu’il y a des abattements et que vous pouvez déduire des tas de trucs de vos revenus, dont certaines charges, ce qui donne des calculs diaboliquement compliqués qui se mordent la queue dans tous les sens et c’est bien pour ça que je paie un expert comptable).

Mais je m’égare.

Pour faire simple, admettons que vous ne payez que 12% de plus qui si vous étiez indépendant.

Après-tout, pourquoi pas ? Ce n’est pas forcément un mauvais calcul, surtout quand vous débutez et n’avez pas encore un CA très régulier.

Autre avantage potentiellement précieux : en tant que salarié, vous avez des fiches de paie, même si le montant peut varier du tout au tout d’un mois à l’autre. Sachez toutefois qu’à Paris en tout cas, les Assedic sont au parfum et malgré le fait que vous payez les cotisations de chômage comme tout “salarié”, cela ne vous donne aucun droit. Vous ne recevrez pas un sou des Assedic si vous vous retrouvez de fait sans emploi.

À titre personnel, cette expérience m’a déplu pour plusieurs raisons :

  • Déjà, c’est compliqué d’expliquer à vos clients que vous êtes “indépendant”, mais que vous facturez par le biais d’une société de portage. Il faut trouver le bon discours pour ne pas les effrayer, ni vous déconsidérer à leurs yeux.
  • C’est très difficile de comprendre comment ça marche dans les détails. Vous posez des questions simples et pratiques et la société de portage vous répond en langage codé. J’en suis venu à la conclusion que les (vrais) employés de ces sociétés sont formés à soigneusement policer leur langage et ne pas utiliser certains termes ni donner certaines réponses qui pourraient les mettre en délicatesse avec la justice, dès fois que vous seriez un inspecteur du travail.
  • La paperasserie est assez monstrueuse. “Contrats d’intervention” à faire signer par vos clients pour chaque job, formulaires à envoyer à la société de portage pour qu’ils lancent la facturation de vos clients, formulaires de reporting auprès de la société de portage à la fin de chaque mois, CDD à signer tous les x mois, etc.
  • Il ne vaut mieux pas avoir à gérer des cas particuliers, comme des clients à l’étranger ou qui souhaitent recevoir les factures par fax ou par email. Une fois sur deux, la boîte de portage ne suit pas.
  • Enfin, psychologiquement, c’est dur de facturer 4000€ et de recevoir un salaire de 1900€ (quand vous êtes indépendant, vous empochez les 4000€ et vous passez à la caisse plus tard).

Bref (si j’ose dire), si vous avez eu le courage de lire jusqu’ici et si vous comparez la longueur de ce billet à celle de mon billet sur comment devenir indépendant, vous constaterez que contrairement à ce qu’on aurait pu croire, le défaut principal du portage salarial, c’est d’être bien plus compliqué et chronophage que l’alternative !

Car il faut bien ajouter le temps passé et le stress occasionné au débit de cette solution. Je suis paradoxalement bien plus productif et serein depuis que je me suis mis à mon compte.

Partagez vos expériences et votre point de vue sur les sociétés de portage salarial.

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Y aller ou pas

bottin.jpgRentrons dans le vif du sujet.

Vous aimeriez vous mettre à votre compte et vous hésitez à franchir le pas ? Laissez moi vous épargner la lecture et le déchiffrement de dizaines de sites bourrés d’informations techniques écrits en français technocratique qui ne feront que vous décourager.

Vous allez voir, au final, c’est d’une simplicité biblique.

Donc, vous avez des clients et du boulot et vous vous demandez comment faire pour les facturer. Il y a deux options :

  • Les sociétés de portage
  • Se mettre à son compte

J’ai fait les deux, dans cet ordre-là, mais je vous parlerai des sociétés de portage une autre fois.

Car vous vous demanderez forcément à un moment ou un autre si vous ne devriez pas créer votre boîte ou devenir indépendant. De nombreuses questions techniques se posent alors et si vous êtes comme moi, vous aurez du mal à comprendre les questions, alors les réponses, on n’en parle même pas.

Si vous saviez combien de temps j’ai hésité et si vous saviez à quel point ce fut simple. J’en ris encore.

Premier conseil

Il y a des gens qui comprennent très bien le français administratif et qui connaissent les réponses à toutes ces questions techniques, d’ordre comptable, juridique, administratif, fiscal, etc. On les appelle des experts comptables. Comme votre temps et votre santé mentale ont de la valeur, vous ne perdez rien à payer ces gens pour qu’ils s’y collent à votre place. Et vous y gagnez tout en tranquillité d’esprit. Donc vous avez réduit tous ces problèmes à un seul : trouver un expert comptable (j’ai trouvé le mien dans les pages jaunes ou sur Google, je ne me souviens plus).

Deuxième conseil

Il n’y a pas de deuxième conseil.

Mais vient tout de même le moment angoissant de l’inscription auprès de l’administration dont dépend votre activité.

En ce qui me concerne, je suis parti m’inscrire à l’URSSAF avec mon ordinateur portable, des journaux, un livre, une grande bouteille d’eau et des petits gâteaux. L’inscription a pris 5 minutes, montre en main, attente comprise (mais j’avais déjà rempli le formulaire avec mon ami l’expert comptable).

C’est cette administration qui notifie alors toutes les autres administrations de votre existence. Tout ce que vous avez à faire, c’est écrire des chèques quand vous recevez leurs courriers. Quand vous recevez un truc indéchiffrable, vous ne paniquez pas. Vous l’envoyez à votre expert comptable.

Pour le reste, je mets tous les courriers, relevés, factures et autres documents dans un tiroir et chaque trimestre, je les file au comptable qui s’occupe de tout. À la fin de l’année, il génère toute la paperasserie obligatoire et officielle (liasse fiscale) et me dit comment remplir ma feuille d’impôts.

J’ai l’air de rigoler comme ça, mais je suis absolument sérieux. C’est simple. Vous n’avez pas besoin de comprendre dans le détail comment fonctionne une télé pour la regarder ou la norme de téléphonie GSM pour vous ruiner. Il suffit de comprendre dans les grandes largeurs et de laisser les détails aux spécialistes qui sont formés et payés pour ça. Après tout, vous ne laisseriez pas votre expert comptable faire votre boulot à votre place.

À chacun son job.

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