Archives : politique

 
 

Bombes atomiques

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1/ Je dois reconnaître à Frédéric Lefebvre et à l’UMP une certaine capacité d’imagination.

En effet, ils ont trouvé un moyen inédit de dégoûter les citoyens du télétravail.

Lefebvre va défendre un amendement qui préconise que les employés en arrêt maladie ou en congé de maternité puissent continuer à (télé)travailler. Il suffisait d’y penser (mais encore faut-il qu’on ne leur ai pas coupé leur accès à Internet…).

2/ J’avoue que j’avais du mal à comprendre l’hostilité de certains envers le statut d’auto-entrepreneur (pas une panacée, mais bon…). Et hier, je suis tombé sur ce billet sur le site de Marianne, qui parle d’imposture. L’article propose un lien vers un autre article, qui qualifie le statut de bombe atomique, argumentaire détaillé à l’appui.

Faites-vous votre propre avis, et n’hésitez pas à partager vos impressions ici.

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HADOPI, le pire du pire, suite

curs.jpg Suite à mon précédent billet sur la loi HADOPI (le pire du pire), tristement soutenue par des artistes sans doute mal informés (soyons généreux), je vous conseille de lire une Lettre ouverte aux spectateurs citoyens par d’autres cinéastes, qui eux s’élèvent contre la loi Création et Internet de manière fort intelligente et juste.

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HADOPI, le pire du pire

quill.jpg Voici une lettre dont je me suis fendu à l’attention de notre ministre de la culture, concernant la loi HADOPI, d’une profonde débilité, qui propose de couper l’accès Internet aux soi-disants pirates, alors que le parlement Européen vient de voter contre ce genre de mesures pour la troisième fois, à une écrasante majorité.

Même si je n’aborde pas la question ici, il convient également de savoir que la loi impliquera l’installation d’un logiciel “mouchard” sur chaque ordinateur. Vous avez dit Orwell ?

Et puis je me suis dit que le contenu de cette lettre était pertinent dans le contexte de ce blog, alors je la publie ici.

Bonjour Madame la Ministre,

Je suis un traducteur indépendant de XX ans (je traduis des logiciels anglophones en français pour Apple, Microsoft, etc.). 100% de mon activité dépend d’Internet.

Derrière ma FreeBox, j’ai 6 ordinateurs, utilisés par moi-même, mes 2 enfants et ma femme.

Si l’un d’eux télécharge des chansons disponibles gratuitement sur Internet, ou si un voisin peu scrupuleux pirate mon adresse IP publique, selon votre loi HADOPI, je me verrais privé d’Internet.

Je serais de fait mis en faillite, car je ne peux pas travailler dans un cybercafé (j’échange des centaines de mails et de fichiers par semaine) ou chez mes parents (ils habitent aux USA) comme vous l’avez suggéré.

Toute la “nouvelle économie”, moteur important dans le monde d’aujourd’hui, dépend comme moi d’Internet. Combien d’entre nous serons mis au tapis par votre loi ?

Je suis également auteur-compositeur à mes heures. Ma musique a été téléchargée plus de 20000 fois l’année dernière. Je suis donc sensible aux inquiétudes des artistes et ayants-droits. Mais il n’existe aucune étude sérieuse qui prouve que le téléchargement a un impact net négatif sur les ventes de CD et de DVD. Pour chaque titre “volé”, combien de découvertes qui se traduisent par un album ou une place de concert ou de cinéma achetés ? C’est ce qu’on appelle le marketing viral. La notion que chaque titre téléchargé aurait été acheté est manifestement faux.

Si les ventes de CD baissent, n’est-ce pas aussi en raison de la qualité de l’offre, et parce que les jeunes diversifient leurs achats culturels ? (jeux vidéo).

D’autre part, je peux vous dire que le simple passage d’une telle loi, même si les obstacles techniques et juridiques empêcheront sans doute son application, aura un impact absolument dévastateur sur l’image de la France dans le monde “moderne”. Elle est tellement mal inspirée, philosophiquement et techniquement, qu’elle nous fera passer pour des dinosaures qui ne comprennent rien au monde d’aujourd’hui. Lisez ce qu’en dit la presse internationale. C’est malheureusement déjà le cas.

Enfin, je vous le dis très honnêtement : si votre loi est mise en application, par souci de sauver mon activité, je pense que je songerais très sérieusement à me délocaliser sous des cieux plus cléments, dans un pays ou une erreur administrative ou un voisin peu scrupuleux ne risquera pas de couler mon entreprise et m’empêcher de loger et nourrir ma famille.

Je vous prie de croire, Madame, à l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Vincent Knobil
Traducteur/Auteur-Compositeur

Mise à jour du 3 avril 2009: La loi a été votée hier soir, dans un hémicycle pratiquement vide. Voici ce qu’en dit la Quadrature du Net.

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(Télé)travailler plus pour gagner plus ou moins plus ou moins

i81028couv896.gif Notre président est un spécialiste des formules qui semblent tomber sous le sens.

Son fameux “travailler plus pour gagner plus” est un bon exemple.

Passons sur le fait que cela va à l’encontre de décennies de progrès social (week-ends, congés payés…)

Passons sur le fait que c’est plus facile à dire qu’à faire. En tant que cadre, vous travaillez souvent toujours plus pour gagner pareil. En tant qu’employé, encore faut-il pouvoir travailler plus.

C’est donc évidemment une formule habile que l’on pourrait traduire par “démerdez vous”. Après-tout, pourquoi pas. C’est le credo libéral, mais qui n’est en l’occurrence pas vraiment assumé.

Toujours est-il que cela fait un moment que ce slogan résonne dans mon cerveau de télétravailleur indépendant.

En tant que télétravailleur, la formule est indubitablement juste. Point de congés payés. Point de treizième mois, point de bonus ou primes.

Si je ne travaille pas, je ne gagne rien. Si je travaille plus, je gagne effectivement plus que si je travaillais moins ou pas du tout.

Sauf que si je suis devenu télétravailleur, ce n’est certainement pas pour gagner plus (j’étais bien payé dans mon dernier job en entreprise). C’est pour gagner assez et pour vivre mieux.

Toute la difficulté de l’exercice est là.

  • En tant que télétravailleur, vous ne savez jamais d’où viendra votre prochain chèque.
  • En cas de trou d’air, c’est la panique.
  • Lorsque vous ne travaillez pas à plein régime, vous flippez, vous culpabilisez. Il faut être à plein régime, pour pouvoir survivre au prochain trou d’air.
  • Lorsque vous travaillez à plein régime, c’est rageant de refuser des jobs (surtout s’ils sont plus intéressants/mieux payés que ceux qui vous occupent).
  • Si vous travaillez en surrégime, vous trahissez la partie “vivre mieux” de l’équation. Fini les balades avec le chien, le goûter avec les enfants qui rentrent de l’école, les siestes crapuleuses avec votre conjoint(e) télétravailleur/euse, etc.

Bref, le dosage, c’est ce qu’il y a de plus difficile.

Mais puisque vous avez eu la gentillesse de lire jusqu’ici, je vais vous faire part d’un petit secret qui n’a l’air de rien comme ça, mais qui fait toute la différence.

Alors voilà. La clé de voûte de l’édifice, c’est de fidéliser une clientèle.

Et pour y parvenir, il n’y a que deux ingrédients essentiels : faire un travail de qualité et, et, et… être fiable.

La qualité, ce n’est pas en faire trop. C’est répondre aux attentes du client. Et c’est bien la moindre des choses.

La fiabilité, c’est tenir les délais.

Tout découle de ce second point. Tout, je vous dis.

  • N’acceptez jamais un job lorsque vous avez le moindre doute sur votre capacité à tenir les délais.
  • Si vous vous apercevez au cours d’un job que vous risquez de ne pas les tenir (en raison d’un paramètre imprévu), vous prévenez immédiatement votre client, vous lui expliquez et vous renégociez des délais (que vous pourrez tenir).

Vous n’êtes pas seul au monde. Il existe a priori d’autres professionnels qui peuvent faire aussi bien que vous, voire mieux.

Mais des fournisseurs qui tiennent leurs délais, vous en connaissez beaucoup, vous ? Et à choisir entre plusieurs fournisseurs à compétences égales, vous ne choisiriez pas celui qui tient ses délais à tous les coups ?

Cela résout quasiment tous les problèmes mentionnés plus haut.

  • Par définition, vous n’acceptez que la quantité de travail que vous pouvez réaliser dans une période donnée (que vous travailliez 2, 4 ou 6 jours par semaine).
  • Vous fidélisez rapidement et efficacement votre clientèle.
  • Vous avez plus de chance de décrocher des jobs récurrents, ce qui diminue un peu l’incertitude.
  • Vous passez moins de temps à chercher du boulot et plus de temps productif.
  • Vous pouvez vous permettre sans crainte de refuser des jobs qu’on vous propose, car cela ne fait que renforcer votre crédibilité et votre réputation de fiabilité.

Vous allez me dire, vous êtes con de nous dire ça. Si on vous prend au mot et qu’on fait tous comme vous, vous allez perdre votre avantage concurrentiel.

C’est vrai. Je suis un idéaliste. Contrairement à 99% des sites sur le télétravail que j’ai pu trouver, je ne vends rien, je n’ai rien à y gagner. Je ne cherche qu’à (modestement) améliorer la réputation du télétravail.

Quand bien même, je ne suis pas inquiet.

Car je sais d’expérience que ce conseil, que j’ai souvent prodigué, n’est que très rarement pris au sérieux. On me dit que c’est un gadget, une évidence ou au contraire que c’est une position trop conservatrice et qu’on peut toujours s’en sortir, même lorsqu’on livre en retard (bref, qu’il faut travailler plus pour gagner plus, coûte que coûte). Sans parler des drogués à l’adrénaline qui ne fonctionnent qu’en situation de stress extrême et qui se retrouveraient en manque s’ils faisaient comme moi.

Et je sais d’expérience que la fiabilité telle que je l’ai définie, ça reste l’exception, la très grande exception. Ce ne sera jamais la norme. D’autant plus qu’il suffit de déroger à la règle une seule fois pour entacher votre réputation de fiabilité à jamais. Mais plus il y aura de fournisseurs fiables, plus les fournisseurs imprévisibles seront écartés au profit des premiers, car les clients ne seront plus résignés à vivre dans l’angoisse qui naît lorsque l’on dépend de fournisseurs imprévisibles.

Au moins, je serai alors du bon côté de la barrière.

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Bienvenue

boeufs.jpgOn sort du Grenelle de l’environnement, qui incroyablement, a fait une impasse totale sur le télétravail.

On est en pleine grève des transports et le matin, dans mon lit, une tasse de café entre les mains, j’écoute distraitement la radio qui rend compte en direct des galères des banlieusards parisiens, comme s’il s’agissait d’événements se déroulant dans une contrée lointaine aux moeurs étranges.

Dans l’absolu, quel est le pourcentage de ces galériens qui ne pourraient pas accomplir leur travail de chez eux ? De nos jours, pour les cols blancs, je serais tenté de répondre : infime.

Ça vous paraît exagéré ?

Au fil des billets que je publierai ici, j’espère que vous serez amené à revoir vos idées sur la question, à supposer que vous y ayez déjà songé (mais si vous lisez ces lignes, c’est sans doute le cas).

À bientôt.

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