À l’épreuve du feu…

bling.jpg On m’a proposé un job. Un bon job. Un très bon job. Prestigieux. Très bien payé. Le double de mon revenu net actuel (avant impôts sur le revenu).

Et bling-bling, le job. Du genre qui en jette un max en société (désolé si mon argot est désuet). Dans un domaine qui me passionne.

Donc voilà. Je vous annonce qu’après mûre réflexion…

…j’ai décliné l’offre.

J’a choisi la précarité, la pauvreté, l’obscurité (toutes relatives).

Si je vous raconte ça, c’est que cet incident m’a mis au pied du mur. Tout ce que je vous ai chanté ici au fil des billets a été mis à rude épreuve.

Allais-je remettre en cause cette liberté (aussi précaire soit-elle) tant désirée, espérée et vantée, pour quelques (OK, beaucoup de) dollars de plus ? Pour un poste prestigieux, dans le monde du showbiz de surcroît ?

Car finalement, c’étaient là les deux seuls arguments qui m’ont fait douter. Je me voyais déjà… en haut de l’affiche, avec plus de fric.

Car sinon, je me voyais surtout malheureux, misérable, rongé par la culpabilité d’avoir abandonné mes proches, bossant des semaines de 50 ou 60 heures, dans un rôle que je sais ingrat pour l’avoir endossé dans d’autres circonstances, regrettant amèrement la qualité de vie dont je jouis actuellement, même si elle est au prix d’un stress de bas niveau constant inhérent à la vie de télétravailleur indépendant.

Bref, je vous le dis pour en avoir eu la preuve. Ce que je vous raconte ici, des trucs comme :

[…] si je suis devenu télétravailleur, ce n’est certainement pas pour gagner plus (j’étais bien payé dans mon dernier job en entreprise). C’est pour gagner assez et pour vivre mieux.

oui, tout ça, ce n’est pas du vent. C’est du concret, du dur.

Vous pouvez me croire.

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Enfin seul ?

cubicles.jpg Dans un commentaire par ailleurs élogieux, Bruno Moriset me demande à juste titre : “comment est-ce que tu gères la solitude au boulot” ?.

Bruno est géographe et à écrit un article exhaustif, fascinant et savant sur le télétravail : Télétravail, travail nomade : le territoire et les territorialités face aux nouvelles flexibilités spatio-temporelles du travail et de la production, disponible sur le site cybergéo, par ailleurs très beau et à l’ergonomie particulièrement soignée.

Bonne question, que je souhaitais justement aborder.

En tant que géographe, je comprends que Bruno porte un regard suspect sur les grands discours sur l’abolition par le cyberespace des distances et de la géographie. Il s’attaque aux mythes qui sous-tendent une certaine vision utopique et idéalisée du télétravail.

Il est indiscutable que malgré tous les beaux discours sur le télétravail, y compris sur ce site, se pose la question de la dimension sociale/humaine du travail qui est fortement remise en cause lorsque l’on travail tout seul chez soi.

Dans son commentaire, Bruno continue :

Moi, après 2 journées de boulot solo dans mon appart (même avec femme et enfants), je deviens chèvre, et j’aime bien une journée au bureau, un peu de tchatche et une bouffe avec certains collègues, etc. Et je crois que pour bcp de gens, c’est pareil. D’où le bide global du télétravail.

Je pense qu’il a raison. Mais comme je l’évoquais ailleurs, je pense que cette objection fondamentale au télétravail révèle une forme d’aliénation. On ne pourrait se réaliser qu’au travail, sous le regard (admiratif ou jaloux) des autres.

Oui, les bonnes bouffes et les discussions autour de la machine à café peuvent constituer le sel de nos journées au bureau. Oui, les gros 4×4 ou les grosses berlines de luxe sont sans doute amusants ou plaisants à conduire. Je veux bien le croire, mais est-ce bien utile, est-ce bien nécessaire et est-ce bien responsable en ces temps menacés par le réchauffement climatique ?

En attendant, je ne peux parler que pour moi. Je parlerai une autre fois des solutions à ce problème pour les télétravailleurs salariés (télécentres, etc.)

Je me rends bien compte que pour beaucoup des gens, mieux vaut une vie sociale au bureau, même lorsqu’elle est source de tension et de stress terrible, que de se retrouver seul avec soi-même.

Et puisque le télétravail reste marginal et qu’il s’agit généralement d’un choix personnel, cette question est tout à fait fondamentale lorsque l’on songe à franchir le pas.

J’ai connu des conditions de travail en entreprise très plaisantes et gratifiantes, avec des collèges que j’appréciais. J’ai connu l’inverse aussi. Des ambiances de merde (comme on dit), des collègues que je n’appréciais pas, que je ne respectais pas, une culture d’entreprise détestable, basée sur la suspicion, le cynisme, la rivalité et le stress comme méthode de management, etc.

Un jour, alors que j’avais quitté mon dernier job en entreprise depuis quelque temps, mon frère m’a confié que lorsque j’y étais encore, j’étais “devenu chiant” car je ne parlais plus que de mes problèmes de boulot. Je suis certain qu’il ne faisait pas allusion à des discours sur mon boulot en lui-même (comment résoudre tel ou tel problème technique inhérent à mon travail) mais bien à des lamentations incessantes sur les problèmes de politique interne, de rivalité de personnes, d’organisation, de luttes de pouvoir.

Il est indiscutable qu’en tant que télétravailleur indépendant, je me coupe des bonnes bouffes et des bonnes blagues (?) au quotidien. Mais de mon point de vue, c’est un très petit prix à payer pour échapper enfin à toutes ces tensions et luttes intestines qui me pourrissaient littéralement l’existence.

Et en vérité, les moments de solitude de nature angoissante sont rares. Lorsque je suis immergé dans mon travail, ma solitude de fait est des plus appréciables. Pas d’interruptions intempestives, une concentration totale qui me permet d’en faire plus en moins de temps.

Par ailleurs, au quotidien, je n’ai pas le sentiment d’être seul. J’ai un réseau de clients, de collègues et d’ex-collègues, (sans parler de ma compagne télétravailleuse comme moi), avec qui je communique par divers moyens modernes.

À ce titre, je remarque que je privilégie l’email, qui me permet de décider et de contrôler quand je communique, aux dépens des messageries instantanées ou du téléphone (je ne communique JAMAIS mon numéro de téléphone !), sources d’interruptions malvenues. Je remarque également que lorsque je travaille sur un projet à plusieurs, mes “collègues” traducteurs, à une exception près, font le même choix. Ils rechignent à utiliser des modes de communication en temps réel.

Le seul moment où je me sens parfois très seul, c’est en cas de trou d’air. Pas de boulot, la boîte d’email qui reste désespérément vide. Cela se produit inévitablement de temps à autre. Mais ce sentiment de solitude n’est alors qu’une source d’angoisse secondaire, comparée à celle de ne pas pouvoir faire face à ses obligations financières etc.

Par ailleurs, je trouve que la solitude de fait n’est pas forcément aussi douloureuse que la solitude que l’on peut ressentir en entreprise, lorsque les choses ne tournent pas rond et que le salut ne dépend pas que de vous.

playtime.jpg

Il est bien plus facile de vivre dans l’anonymat (et d’en souffrir) dans une grande ville que dans un petit village.

Enfin, je me permets de faire remarquer à Bruno et à ceux que la solitude effraie, que le télétravail permet de reprendre le contrôle de son emploi du temps et de moins en perdre. Et ce temps gagné, je peux le consacrer à autre chose qu’au travail. J’ai le temps de bavarder avec la boulangère ou la caissière (je fais mes courses à heures creuses, ça aide), je peux déjeuner à l’occasion avec mes amis ou collègues sans regarder ma montre, je peux consacrer le temps que je ne passe plus dans les transports à mes enfants et à mes amis (vous avez bien des amis en dehors du boulot, non ?)

Et il n’y a pas que la quantité. La qualité de ces interactions est généralement bien meilleure. Je suis moins stressé et plus à l’écoute des autres (et de moi-même). Certes, je ne peux plus m’adonner aux joies de l’échange de ragots sur qui couche avec qui au boulot, ni aux sarcasmes sur les tâches de boeuf bourguignon sur la manche de Georges, mais franchement, ça ne me manque pas trop…

Je ne sais pas si j’ai vraiment répondu à la question de Bruno.

Pour une fois, je n’ai pas de truc.

La solitude, réelle ou ressentie, est un prix à payer ou une bénédiction, selon votre caractère, à mettre en regard des autres avantages ou inconvénients liés au télétravail ou au travail en entreprise.

Si vous avez un job en entreprise épanouissant à tous points de vue, ce serait idiot d’y renoncer. Mais est-ce la norme ? Notre organisation sociale a-t-elle atteint un tel niveau de perfection qu’il serait absurde d’explorer des alternatives possibles ?

Permettez-moi d’en douter.

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(Télé)travailler plus pour gagner plus ou moins plus ou moins

i81028couv896.gif Notre président est un spécialiste des formules qui semblent tomber sous le sens.

Son fameux “travailler plus pour gagner plus” est un bon exemple.

Passons sur le fait que cela va à l’encontre de décennies de progrès social (week-ends, congés payés…)

Passons sur le fait que c’est plus facile à dire qu’à faire. En tant que cadre, vous travaillez souvent toujours plus pour gagner pareil. En tant qu’employé, encore faut-il pouvoir travailler plus.

C’est donc évidemment une formule habile que l’on pourrait traduire par “démerdez vous”. Après-tout, pourquoi pas. C’est le credo libéral, mais qui n’est en l’occurrence pas vraiment assumé.

Toujours est-il que cela fait un moment que ce slogan résonne dans mon cerveau de télétravailleur indépendant.

En tant que télétravailleur, la formule est indubitablement juste. Point de congés payés. Point de treizième mois, point de bonus ou primes.

Si je ne travaille pas, je ne gagne rien. Si je travaille plus, je gagne effectivement plus que si je travaillais moins ou pas du tout.

Sauf que si je suis devenu télétravailleur, ce n’est certainement pas pour gagner plus (j’étais bien payé dans mon dernier job en entreprise). C’est pour gagner assez et pour vivre mieux.

Toute la difficulté de l’exercice est là.

  • En tant que télétravailleur, vous ne savez jamais d’où viendra votre prochain chèque.
  • En cas de trou d’air, c’est la panique.
  • Lorsque vous ne travaillez pas à plein régime, vous flippez, vous culpabilisez. Il faut être à plein régime, pour pouvoir survivre au prochain trou d’air.
  • Lorsque vous travaillez à plein régime, c’est rageant de refuser des jobs (surtout s’ils sont plus intéressants/mieux payés que ceux qui vous occupent).
  • Si vous travaillez en surrégime, vous trahissez la partie “vivre mieux” de l’équation. Fini les balades avec le chien, le goûter avec les enfants qui rentrent de l’école, les siestes crapuleuses avec votre conjoint(e) télétravailleur/euse, etc.

Bref, le dosage, c’est ce qu’il y a de plus difficile.

Mais puisque vous avez eu la gentillesse de lire jusqu’ici, je vais vous faire part d’un petit secret qui n’a l’air de rien comme ça, mais qui fait toute la différence.

Alors voilà. La clé de voûte de l’édifice, c’est de fidéliser une clientèle.

Et pour y parvenir, il n’y a que deux ingrédients essentiels : faire un travail de qualité et, et, et… être fiable.

La qualité, ce n’est pas en faire trop. C’est répondre aux attentes du client. Et c’est bien la moindre des choses.

La fiabilité, c’est tenir les délais.

Tout découle de ce second point. Tout, je vous dis.

  • N’acceptez jamais un job lorsque vous avez le moindre doute sur votre capacité à tenir les délais.
  • Si vous vous apercevez au cours d’un job que vous risquez de ne pas les tenir (en raison d’un paramètre imprévu), vous prévenez immédiatement votre client, vous lui expliquez et vous renégociez des délais (que vous pourrez tenir).

Vous n’êtes pas seul au monde. Il existe a priori d’autres professionnels qui peuvent faire aussi bien que vous, voire mieux.

Mais des fournisseurs qui tiennent leurs délais, vous en connaissez beaucoup, vous ? Et à choisir entre plusieurs fournisseurs à compétences égales, vous ne choisiriez pas celui qui tient ses délais à tous les coups ?

Cela résout quasiment tous les problèmes mentionnés plus haut.

  • Par définition, vous n’acceptez que la quantité de travail que vous pouvez réaliser dans une période donnée (que vous travailliez 2, 4 ou 6 jours par semaine).
  • Vous fidélisez rapidement et efficacement votre clientèle.
  • Vous avez plus de chance de décrocher des jobs récurrents, ce qui diminue un peu l’incertitude.
  • Vous passez moins de temps à chercher du boulot et plus de temps productif.
  • Vous pouvez vous permettre sans crainte de refuser des jobs qu’on vous propose, car cela ne fait que renforcer votre crédibilité et votre réputation de fiabilité.

Vous allez me dire, vous êtes con de nous dire ça. Si on vous prend au mot et qu’on fait tous comme vous, vous allez perdre votre avantage concurrentiel.

C’est vrai. Je suis un idéaliste. Contrairement à 99% des sites sur le télétravail que j’ai pu trouver, je ne vends rien, je n’ai rien à y gagner. Je ne cherche qu’à (modestement) améliorer la réputation du télétravail.

Quand bien même, je ne suis pas inquiet.

Car je sais d’expérience que ce conseil, que j’ai souvent prodigué, n’est que très rarement pris au sérieux. On me dit que c’est un gadget, une évidence ou au contraire que c’est une position trop conservatrice et qu’on peut toujours s’en sortir, même lorsqu’on livre en retard (bref, qu’il faut travailler plus pour gagner plus, coûte que coûte). Sans parler des drogués à l’adrénaline qui ne fonctionnent qu’en situation de stress extrême et qui se retrouveraient en manque s’ils faisaient comme moi.

Et je sais d’expérience que la fiabilité telle que je l’ai définie, ça reste l’exception, la très grande exception. Ce ne sera jamais la norme. D’autant plus qu’il suffit de déroger à la règle une seule fois pour entacher votre réputation de fiabilité à jamais. Mais plus il y aura de fournisseurs fiables, plus les fournisseurs imprévisibles seront écartés au profit des premiers, car les clients ne seront plus résignés à vivre dans l’angoisse qui naît lorsque l’on dépend de fournisseurs imprévisibles.

Au moins, je serai alors du bon côté de la barrière.

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Clics

curs.jpg Le télétravail, c’est du gagnant-gagnant pour employés et employeurs. C’est la science qui l’affirme.

En effet, le site américain ScienceDaily se fait l’echo d’une méta-analyse de 46 études sur le télétravail portant sur 12833 employés sur 20 ans, menée par le Journal of Applied Psychology.

Je vous traduis le début de l’article, intitulé Telecommuting Has Mostly Positive Consequences For Employees And Employers :

Nos résultats montrent que le télétravail a un effet globalement bénéfique car ce mode d’organisation offre aux employés davantage de contrôle sur la manière dont ils accomplissent leur travail” déclare l’auteur principal, Ravi S. Gajendran. “L’autonomie est un facteur majeur de la satisfaction des travailleurs, ce que confirme notre analyse. Les télétravailleurs se disent plus satisfaits de leur travail, ont moins envie de quitter leur société, sont moins stressés, ont trouvé un meilleur équilibre entre la vie privée et professionnelle et sont mieux notés par leurs supérieurs hiérarchiques.

L’étude semble par ailleurs démontrer que le télétravail ne nuit pas à l’avancement ou à la carrière des employés concernés.

À rajouter à votre dossier avant d’aller convaincre votre société de vous laisser télétravailler.

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Plus belle, ma vie en ligne

curs.jpg Dans le numéro annuel spécial high-tech du Monde 2 paru le 17 novembre dernier, Claire Ulrich a écrit un article vraiment magnifique, Plus belle, ma vie en ligne, et je ne dis pas ça que parce que j’y suis mentionné (en tant que télétravailleur et pour des motifs d’ordre plus personnels).

Malheureusement et ironiquement, Le Monde 2 n’a aucune présence en ligne.

Mais aujourd’hui, Le Monde a visiblement reconnu qu’il tenait là quelque chose d’exceptionnel et a eu l’intelligence de mettre l’article en ligne sur le site du quotidien.

Vivement et chaudement recommandé !

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Où suis-je ?

gil_nose.jpgLorsque je me suis présenté, j’ai omis de mentionner où j’habitais / où je travaillais.

Ce n’était pas un oubli délibéré, mais c’est un oubli significatif, dans le sens où finalement, ça n’a que peu d’importance.

Car si je considère rien que l’année écoulée, j’ai travaillé depuis six endroits différents :

  • De chez moi, à Paris
  • De chez mon frère, en Normandie.
  • De chez ma mère, sur la côte d’azur
  • De chez ma mère, à Los Angeles
  • De chez mon beau-frère, à Palmdale en Californie
  • De San Diego en Californie (lorsque j’y ai visité quelqu’un)

La maison de mon frère est dans un tout petit village (17 habitants) au milieu de nulle part, au fin-fond de l’Eure. J’ai décidé d’y ouvrir un compte Internet haut-débit, car à ma grande surprise, c’était possible.

De même, j’ai ouvert un compte pour la maison de ma mère sur la côte d’azur, pour pouvoir m’y rendre en toute sérénité, en cas de boulot pressant.

Aux États-Unis, c’était un peu moins commode, car les connexions Internet “haut-débit” y sont bien plus lentes et moins fiables (coupures intempestives) qu’en France.

Donc finalement, mon “lieu de travail”, c’est le binôme formé par mon ordinateur portable et Internet.

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Clics

curs.jpgJe viens de tomber sur le blog de l’initiative Home Friday dont le slogan est “osez le télétravail une fois par semaine”. Une idée à suivre.

curs.jpgAutre trouvaille du jour, Zevillage, site très actif qui propose d’aider les télétravailleurs qui voudraient s’installer “dans le Village des télétravailleurs, à Essay dans l’Orne (France)”.

curs.jpgEnfin, le vénérable Journal du Net recueille des témoignages sur le thème “Télétravail : une pratique courante dans votre activité ?”. La participation est encore ouverte à l’heure ou j’écrit ces lignes.

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Délocalisations

embout.jpgQui est le plus opposé au télétravail : l’employeur ou l’employé ?

La réponse est évidente : l’employé.

Si votre employeur pouvait confier votre job à un télétravailleur en Inde, en Chine à Madagascar ou ailleurs, il y a des chances qu’il le ferait. La bonne nouvelle, c’est que s’il ne l’a pas fait, c’est sans doute qu’il a plus à y perdre qu’à y gagner, peut-être même parce que vous apportez de la valeur ajoutée à votre job.

Donc, ne dites pas à votre employeur que vous souhaitez être télétravailleur. Dites-lui que vous souhaitez être délocalisé. Chez vous.

Ou si votre employeur souhaite délocaliser votre job à l’étranger, proposez-lui plutôt de le délocaliser chez vous.

Sauf que vous ne voulez pas être délocalisé. Même chez vous.

(Je dis vous parce que je m’adresse aux réticents ; ne vous sentez pas forcément personnellement visé).

Alors pourquoi ?

Ce que j’entends le plus souvent, je dirais 9 fois sur 10, c’est que vous n’auriez jamais la discipline de travailler si vous étiez dans vos propres murs.

Voilà un argument qui me paraît suspect. Si vous avez un job à faire et que vous ne le faites pas, vous allez être viré. Donc, vous le faites. Bien obligé. Sans parler du contrat moral qui vous oblige à donner un minimum de vous-même en échange de votre salaire.

Cet argument sous-entend surtout que si vous étiez chez vous, vous seriez tenté de faire toutes les autres choses si épanouissantes qui font le sel de votre existence.

Or, si vous ne passez plus 1 à 2 heures par jour dans les transports, si vous ne dépensez plus du temps et des sous à porter vos costumes ou vos tailleurs à nettoyer, si vous n’êtes plus obligé d’aller acheter des pompes à bouts pointus parce que les bouts carrés de l’année dernière c’est has-been (ou l’inverse, j’en sais rien), si vous ne pompez plus une partie non négligeable de votre salaire dans le réservoir de votre voiture, vous disposez justement de plus de temps libre et de pouvoir d’achat pour vous adonner à toutes ces passions dévorantes.

Ce serait déjà bon à prendre, non ?

Mais c’est là que le bât blesse. Sentir ce temps libre et ce pouvoir d’achat supplémentaires à portée de main ?

L’angoisse. Le vertige.

La crainte (fondée ou non) de se retrouver à travailler chez soi et de s’apercevoir qu’à part regarder la chaîne de téléachat (ou fasheun tivi), vous n’avez rien de vraiment mieux à faire que de bosser.

Un jour, il y a longtemps, alors que j’étais exceptionnellement bloqué dans un embouteillage monstre à l’entrée ou à la sortie de Paris, le chauffeur de mon taxi s’est mis à philosopher. Il me fit remarquer que la plupart des voitures n’avaient qu’un seul occupant. Je bafouillai alors quelque platitude compatissante sur le sort peu envieux de ces habitués des bouchons. Le chauffeur rigola doucement et me plaça en face de l’évidence même. Tous ces automobilistes solitaires, coincés pendant des heures, étaient bien contents. C’était leur petit moment de paix quotidien, entre le stress du bureau d’un côté et les exigences de leurs conjoints et les cris stridents de leur progéniture de l’autre, passé à fantasmer ou à écouter les blagues graveleuses des Grosses Têtes en toute impunité.

Tout ça pour dire que je ne suis pas naïf et que suis bien conscient que le télétravail n’est pas qu’une simple réorganisation du travail. À grande échelle, contraint ou forcé, c’est une révolution qui nous met en face de toutes nos contradictions (pour éviter les gros mots d’antan, comme aliénation).

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Présentations

soupir.jpg

Que je me présente un peu.

Cela fait quelques années que j’ai quitté le monde de l’entreprise et bientôt deux ans que je vis essentiellement de la traduction technique. Je traduis des manuels, des logiciels, des sites Web, etc.

Mes principaux clients sont basés en Chine, aux États-Unis, au Canada, en République dominicaine, en Australie, en Angleterre… Ce sont généralement des agences de traduction dont les clients viennent eux-mêmes des quatre coins du globe.

Je n’ai jamais rencontré mes clients.

Dans la majorité des cas, je ne leur ai jamais parlé.

Je n’ai jamais eu à les démarcher. J’ai mis mon profil sur des portails spécialisés et ce sont eux qui m’ont trouvé (quitte à moi de les fidéliser par la qualité de mon travail).

Je fais également du design graphique, pour des sites Internet (comme celui-ci ou celui-là).

Je chronique également ma vie de télétravailleur 2.0 sous forme de comic-strip en ligne et je blogue (en anglais) depuis longtemps déjà.

Enfin, j’écris de la musique. En ce moment, je participe à un groupe virtuel dont là encore, je n’ai jamais rencontré les membres, à qui je n’ai par ailleurs jamais non plus parlé de vive voix. Encore une fois, ce sont eux qui m’ont débusqué, via des morceaux que j’avais mis en ligne sur des portails spécialisés.

À l’ère de l’Internet haut-débit, les horizons du télétravail (au sens le plus large) n’ont jamais été aussi dégagés.

Ça tombe bien, car à titre personnel, le télétravail est un choix de qualité de vie, qui me permet en outre de passer plus de temps avec mes proches IRL. Mais si l’on y réfléchit deux secondes, par les temps qui courent (vers leur perte ?), c’est aussi un enjeu de société majeur, qui est mystérieusement et scandaleusement absent du débat public.

Par le biais de ce blog, je souhaite donc modestement contribuer à cette prise de conscience, en partageant mon expérience et des conseils pratiques avec tous ceux qui sont tentés par l’aventure ou ont déjà franchi le pas.

Et vous, qui êtes-vous ?

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Clics

curs.jpg Pamela (la geekette !) m’a fait connaître DonKeyWord, le site d’un développeur en intelligence artificielle installé à la campagne, où il s’occupe par ailleurs de ses trois ânes.

curs.jpg Elle-même parle souvent d’environnement sur son blog et vient justement de publier un billet qui aborde le télétravail (en anglais).

curs.jpg Quand à Web Worker Daily (qui s’adresse aux développeurs Web indépendants aux USA), c’est l’indispensable TechBee qui me l’a fait découvrir.

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